Pêche : le Maroc et l'UE cherchent la voie de sortie Le gel a tellement duré qu'on oublie l'urgence d'en découdre. Il s'agit de l'accord de pêche entre le Maroc et l'UE, dont la reconduction fut suspendue, suite à une résolution du Parlement européen en décembre 2011. Le nouveau round de négociations, prévu ce 20 décembre à Bruxelles, serait-il le début de la fin d'une incompréhension anachronique ? Y a-t-il espoir de voir les deux parties parvenir à un accord qui remet de l'ordre dans ce dossier où le Maroc tient à rester souverain dans sa décision ? Les eurodéputés sauront-ils prendre, cette fois-ci, conscience des pertes subies par les armateurs espagnols, portugais et français du fait de l'interdiction de pêcher dans les eaux territoriales marocaines ? On n'en sait pas trop. Les termes de l'accord et le contenu des négociations sont, pour l'instant, d'accès restreint. Tout le dossier est classé «confidentiel», nous confie un responsable marocain. Il faut convenir que dans le contexte d'aujourd'hui, les professionnels de la pêche des deux bords ont souffert de cette incompréhension des politiques. 2012 aura été une année blanche pour les pêcheurs européens, en l'occurrence espagnols. Ces derniers vont devoir peiner encore plus, l'année prochaine, en cas de non renouvellement de l'accord. La subvention de Bruxelles, au titre de l'indemnisation, prend fin d'ici fin décembre 2012. Dès lors on comprend pourquoi la partie espagnole, dont la flotte de pêche représente l'essentiel de l'armada qui opère dans les eaux territoriales marocaines, est sous pression. De toutes les façons, Marocains et Espagnols, deux partenaires liés par des intérêts communs, sont décidés de peser dans les négociations pour une voie de sortie juste et équitable. En cas d'échec de cette première rencontre, un autre round aura lieu en janvier 2013. Côté marocain, «on est serein», nous assure Aziz Akhannouch, ministre de l'Agriculture et de la Pêche maritime. Pas pressé, certes, mais le Maroc ira à la table des négociations avec la volonté de sortir de l'impasse. A. Akhannouch dit s'investir dans ce dossier au grand bénéfice des pêcheurs des deux côtés de la Méditerranée, dans une logique de partenariat certain et durable avec l'Union européenne, où le royaume est censé bénéficier des avantages de son «statut avancé». Pour nombre d'observateurs et analystes, la résolution du Parlement européen, prise en décembre 2011, imposant la suspension de l'accord de pêche entre le Maroc et l'UE, pèche par son incongruité et son cynisme. Certains politiques, mus par des intérêts étriqués n'ont pas réalisé, sur le coup, qu'ils ont condamné au chômage des centaines de milliers d'armateurs, notamment espagnols (mais aussi portugais et français), dont la vie dépend essentiellement de l'exploitation des eaux territoriales marocaines. On ne peut s'empêcher de croire que les eurodéputés (ceux du nord surtout parce que non concernés par la pêche au Maroc) ont une certaine dette envers les pêcheurs de la péninsule ibérique. Nombreuses furent donc les réactions contre cette décision qui a fait grincer les dents dans pratiquement tous les pays de l'Europe du sud. Il convient de rappeler qu'au Maroc, l'ambassadeur de la Délégation de l'UE, Eneko Landaburu, n'a pas hésité à regretter, dans un communiqué officiel, ce vote «contre la proposition de prorogation du Protocole européen de l'accord de pêche entre l'Union européenne et le Royaume du Maroc». Il avait toutefois exprimé son optimisme quant à la perspective d'un nouvel accord. E. Landaburu devait préciser, à cet effet, que «le même parlement européen a adopté ce même jour une résolution qui demande à la Commission européenne qu'un nouveau protocole soit proposé. Il devra être durable sur le plan économique, écologique et social et avantageux pour les deux parties». Auparavant, dans une situation similaire, début 2011, le Maroc et l'Union européenne se sont mis d'accord pour reconduire - pour une année - l'accord de pêche, en vigueur depuis mars 2007. L'Accord de pêche ainsi que le protocole ont été reconduits dans les mêmes conditions que ceux ayant expiré le 27 février 2011. Cet accord respectera les mêmes termes et continuera de s'appliquer au large de nos provinces sahariennes. Paraphé le 25 février 2011 à Rabat, deux jours avant la date d'expiration, le nouveau protocole de pêche lié à l'Accord permet de gérer l'accès des navires communautaires aux pêcheries marocaines et la contribution de l'Union Européenne pour le soutien du secteur de la Pêche au Maroc, précisait un communiqué du ministère marocain de la Pêche.