Abou Naïm tient à rester sous les feux des projecteurs. Après des mois d'absence, il revient avec force, en cette fin de Ramadan, avec une ancienne «fatwa», mais qu'il a actualisée pour les besoins de sa promotion. Cette fois, il s'agit d'une incitation déclarée au meurtre de Driss Lachgar. Le salafiste Abdelhamid Abou Naïm récidive. Dans une nouvelle vidéo postée sur le net, il s'attaque à une de ses cibles préférées : Driss Lachgar. Le cheikh a une nouvelle fois excommunié le premier secrétaire de l'USFP. Visiblement très sûr de ce qu'il avance, il explique que le socialiste est un apostat selon les quatre grandes écoles juridiques sunnites. La balle est dans le camp du ministre de la Justice Le très controversé prédicateur déplore que la sentence réservée aux mécréants ne soit pas appliquée au Maroc. Ce qui s'apparente, d'ailleurs, à une incitation directe au meurtre de Lachgar. Un crime qui est passible d'une peine d'emprisonnement de un à trois mois et d'une amende de 250 dirhams, selon l'article 429 du code pénal. La balle est donc plus que jamais dans le camp de Mustapha Ramid. Cette fois, le ministre de la Justice sera dans l'obligation de poursuivre le salafiste Abou Naïm pour «incitation au meurtre» contrairement à la précédente affaire en janvier dernier. Le salafiste avait alors été assigné en justice pour atteinte directe à des institutions publiques représentantes de l'islam officiel, en l'occurrence le ministère des Affaires islamiques, la Ligue Mohammadienne des oulémas et le Conseil supérieur des oulémas. Un procès à l'issue duquel, l'ancien membre de la Chabiba islamiya a été simplement condamné à un mois de prison avec sursis et à payer une amende de 500 dh. Du pain béni pour Driss Lachgar A l'origine de cette «fatwa», on trouve l'appel du socialiste à réviser la loi sur l'héritage en vue d'instaurer un équilibre entre l'homme et la femme. C'était lors d'une intervention à l'occasion du congrès de l'organisation des femmes de son parti, tenu fin décembre à Bouznika. En tout cas cette affaire tombe à point nommé pour Driss Lachgar. Elle lui offre une belle opportunité d'occuper autrement l'espace médiatique que par les interminables querelles que connait son parti depuis qu'il a été propulsé aux commandes. L'exemple de ce qui s'est récemment passé, lors de la première partie du congrès de la Chabiba (jeunesse socialiste) en est bien la preuve. Encore une fois, les islamistes marocains, peut-être sans le savoir -le contraire serait plus grave- contribuent, par des déclarations intempestives, à la popularité de personnes en perte de vitesse. L'ancienne-nouvelle «fatwa» de Abou Naïm n'est pas sans rappeler les campagnes lancées, sans fondements, par un certain Abdelbari Zemzemi ou encore Abdelilah Benkirane contre des films marocains, de mauvaise qualité, mais comportant des scènes osées. A l'époque, les polémiques avaient permis une belle promotion gratuite de ces films.