Face à la punition collective qu'inflige, depuis trois jours, l'armée israélienne à la population de Gaza, le Maroc et la France ne sont pas sur la même longueur d'onde. Rabat vient de condamner les agressions israéliennes. En revanche François Hollande soutient fermement Israël alors que même Barack Obama a pris ses distances avec Benyamin Netanyahu. Le royaume «condamne vivement l'escalade militaire dangereuse des forces d'occupation israéliennes contre la bande de Gaza et les agressions répétées contre le peuple palestinien», a indiqué, hier après-midi, un communiqué du département de Salaheddine Mezouar. Une position qui a marqué un certain retard par rapport à la rapidité avec laquelle, le même ministère a réagi au récent attentat terroriste en Arabie saoudite. Elle intervient qui plus est, au lendemain du passage du chef du gouvernement au parlement, qui avait fustigé la nouvelle opération militaire de Tel-Aviv à Gaza. Sur ce point, Abdelilah Benkirane a devancé les Affaires étrangères. Hollande encourage Netanyahu à poursuivre les massacres des Palestiniens Dans la soirée du mercredi, le président français appelait Benjamin Netanyahu pour lui exprimer, comme le souligne le texte diffusé par l'Elysée, «que la France condamne fermement ces agressions», «la solidarité de la France face aux tirs de roquettes en provenance de Gaza» et l'encourager à riposter aux Palestiniens, alors même que le bilan de ce matin parle de 76 tués. Imperturbable, le président français a ajouté qu'il «appartient au gouvernement israélien de prendre toutes les mesures pour protéger sa population face aux menaces». Un deux poids, deux mesures, qui ne constitue guère une surprise de la part du socialiste. Barack Obama s'est montré plus mesuré face aux massacres de civils. Dans une tribune publiée par le quotidien Haaretz, le président américain a appelé les parties à «protéger les innocents et agir de manière raisonnable et mesurée, pas par vengeance ni représailles». Contacté par Yabiladi, le ministère des Affaires étrangères marocain n'a pas souhaiter commenter le soutien français à Israël, arguant que chaque pays a le droit d'exprimer librement sa position sur ce qui se passe à Gaza. Visiblement, les Marocains ne souhaitent pas ajouter une nouvelle crise à la série de tensions des derniers mois entre Rabat et Paris. La classe politique marocaine solidaires avec Gaza mais en rangs dispersés Après la position officielle exprimée par le ministère des Affaires étrangères, ce jeudi enregistre la première manifestation partisane émanant du PAM. Elle aura lieu vers 15h GMT devant le siège de l'ambassade palestinienne à Rabat. «Nous condamnons fermement ce nouveau massacre du peuple palestinien», nous confie Mustapha Merizak, membre du conseil national du parti au Tracteur. Quant à l'alignement total du président français sur les thèses de Netanyahu, le président de l'organisation des universitaires du PAM le qualifie de «position politicienne qui ne devrait en aucun contribuer à la relance du processus de paix». Des associations comptent organiser, dans la soirée du vendredi devant le parlement, un sit-in de solidarité avec les Gazaouis. En attendant une réaction de la direction du PJD, le Mouvement unicité et réforme a pris les choses en main pour condamner les agressions contre la population de Gaza. Le MUR a invité les Marocains à prendre part au sit-in du vendredi. Chez Al Adl wal Ihsane, le ton n'est guère à l'enthousiasme. La mise à l'écart de la Jamaâ de l'organisation d'un tel événement devrait se traduire par une faible participation des «adlistes». «Il est possible que quelques uns de nos membres soient à cet événement», déclare à Yabiladi, Abdessamad Fathi, président de l'Instance de soutien des dossiers de la oumma et membre du secrétariat général du Cercle politique. Et pour cause, la Jamaâ n'était pas invitée à la réunion préparatoire au sit-in. «Ils veulent politiser le dossier palestinien», déplore-t-il. Concernant le soutien sans équivoque de Hollande à Netanyahu, notre interlocuteur le juge «contraire à la position historique de la France qui se considère amie des Palestiniens et des Israéliens. Pourtant par le passé, Paris a joué un rôle dans le processus de paix au Moyen-Orient».