Bien avant la publication du Dahir royal dans le BO interdisant aux imams toute activité politique et syndicale, le ministère des Affaires islamiques a commencé la purge en ciblant essentiellement les religieux «free-lance». La prochaine cible devrait être la Ligue nationale des préposés des mosquées, une enseigne opposée à la politique du ministre des Affaires islamiques. Dans son édition d'aujourd'hui, le quotidien arabophone Assabah indique que le département d'Ahmed Taoufiq a suspendu 100 prédicateurs, dont la majorité est volontaire pour donner des cours dans les mosquées du royaume. La même source ajoute que des universitaires, lauréats d'établissements officiels de théologie, figurent sur la liste. Ces décisions sont justifiées d'une part par les opinions adoptées par les concernés sur des sujets brûlants de l'actualité (politique nationale et internationale, culture et économie), souvent en opposition avec la ligne prônée par le ministère ou celle de l'Etat, et d'autre part par leur proximité avec des partis ou associations politiques. La Ligue nationale des préposés des mosquées, prochaine cible ? Il est fort probable que ce genre de suspension ou d'expulsion est appelée à affecter d'autres religieux, notamment ceux affiliés à la Ligue nationale des préposés des mosquées. Une entité farouchement opposé à Ahmed Taoufiq. En 2011, l'association avait organisé, à Rabat, la première manifestation hostile au ministre, réprimée d'ailleurs, par les forces de l'ordre. La Ligue avait exprimé son opposition à la nomination de Ahmed Taoufiq au sein du gouvernement Benkirane I. Dans un rapport, la Ligue a relevé qu'entre 2008 et 2012, 60 imams ont été suspendu de leurs fonctions et 40 ont présenté des recours devant les tribunaux administratifs. «Des juridictions qui ont prononcé des verdicts en faveur des plaignants mais le ministère refuse toujours de les réintégrer», nous confie Aziz Kharbouch, le coordinateur de la Ligue. «L'interdiction n'est pas la solution» Par ce Dahir, l'enseigne perd tout espoir d'une reconnaissance officielle. «Voilà deux ans que notre dossier est examiné par le tribunal administratif de Marrakech», déplore-t-il. «L'interdiction des religieux d'adhérer à une association n'est d'ailleurs pas la solution. Nous ne sommes pas des robots», conclu-t-il. La Ligue avait, également, sollicité, dans une lettre écrite, une intervention de Benkirane. Au début, le PJDiste s'était montré ouvert pour entendre leurs doléances. Un rendez-vous avait même été fixé avant qu'il ne soit reporté à une date ultérieure. Mais les partisans de la Ligue ne seraient pas les seuls en ligne de mire des services des Affaires islamiques. Les membres du Mouvement unicité et réforme, la matrice du PJD et d'Al Adl wal Ihsane seraient également menacés par le tour de vis.