Une tribu sahraouie est source d'ennuis pour la direction du Polisario. En l'espace de deux mois, elle a manifesté à plusieurs reprises. Aujourd'hui, elle réclame la vérité sur le sort d'un des leurs, un dissident du Mouvement du 5 mars 2011, enlevé une nouvelle fois, il y a dix jours. Cette fois, les militaires algériens stationnés dans les camps de Tindouf ont été appelés en renfort. Depuis hier, des éléments de l'armée algérienne fortement soutenus par des militaires du Polisario encerclent le camp de «Laâyoune» à Tindouf. Toutes les issues menant de et vers la localité sont soumis à un strict contrôle. Une mesure de précaution décidée afin de parer à toute extension de la colère de la tribu des Rguibates-Jenhas aux autres camps. L'arrestation et l'enlèvement d'un opposant a mis le feu à la poudrière A l'origine de cette nouvelle tension tribale, l'arrestation de Ghilani Lahcen, une figure très connue du Mouvement du 5 mars, crée dans le sillage de la vague du «Printemps arabe» qui avait secoué la région en 2011. Il a notamment participé à de nombreux sit-in, devant le siège du secrétariat général du Polisario, sis camp Rabouni, réclamant la démocratie et dénonçant le détournement des aides internationales destinée à la population. Le 17 juin, cet ancien militaire, expulsé en 2010 par la direction du Front des rangs de son armée à cause de ses positions politiques et pour avoir dénoncé publiquement la corruption qui sévit au sein de l'armée du Polisario, a été enlevé de son domicile par des membres de la milice du Front et conduit vers un centre de détention secret où il serait torturé. Depuis ce jour, sa famille et ses proches sont sans nouvelle de lui. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois qu'il est victime de ce genre d'exactions. Risque de violences Pour briser le silence des responsables, les Rguibates-Jenhas manifestent. Une contestation qui pourrait virer à la violence puisqu'ils ne sont pas à leur premier action de protestation. Pour mémoire, dimanche 11 mai, ils avaient attaqué le siège de la «wilaya de Laâyoune», incendié des bureaux administratifs et la voiture du représentant du Polisario. Le déploiement massif des hommes de Mohamed Abdelaziz n'avait pu circonscrire la colère de ladite tribu, causée, justement, par l'arrestation du même Ghilani Lahcen sous prétexte d'avoir construit une boutique sans autorisation. C'est justement pour éviter que de tels incidents ne se reproduisent que l'armée algérienne a pris les choses en main afin de contraindre les Sahraouis à manifester dans le calme.