Le chef du gouvernement aime aborder les sujets polémiques quand il ne la créée pas lui-même. La frontière fermée depuis 1994, entre l'Algérie et le Maroc est un thème qu'affectionnent les tribuns comme Le patron de l'Istiqlal ou celui du PJD. C'est désormais un rituel immuable. A chaque meeting politique ou réunion interne de son parti, le chef du gouvernement tient à ce que ses déclarations soient largement commentées par la presse et les adeptes des réseaux sociaux au Maroc et à l'étranger. Dimanche à Salé, son fief électoral depuis 1998, Abdelilah Benkirane a consacré une partie de son intervention à la fermeture des frontières terrestres avec l'Algérie. Un sérieux problème expliqué de manière simpliste S'écartant du discours de l'homme d'Etat qu'il est censé représenter, le secrétaire général du PJD a puisé dans la prose simpliste et populiste pour expliquer le refus des autorités du voisin de l'Est de réouvrir les frontières, comme le demande le Maroc. Une perspective que redoutent fortement les responsables à Alger, selon lui. «Une fois les frontières ouvertes, les officiels vont se dire que leurs compatriotes vont découvrir la réalité d'un pays qui vit dans la stabilité et le progrès», a-t-il présagé. Et de surenchérir que «ces visiteurs vont se demander comment un pays qui a une dette globale de 600 milliards de dirhams vit mieux que l'Algérie qui a une trésorerie excédentaire de 250 milliards de dollars», rapporte la publication en ligne algérienne TSA. Le PJDiste est un habitué de ce genre de sorties médiatiques Il est peu probable que les déclarations de Benkirane passent inaperçues de l'autre côté de Oujda. Pour le moment, les supports papier n'ont pas eu l'occasion d'annoncer la nouvelle. En revanche quelques sites électroniques d'actualité en ont déjà fait écho. Dans les prochains jours, les politiques algériens et les chefs d'organisations dites civiles, qui gravitent autour du pouvoir, devraient être invités à riposter aux propos du chef du gouvernement marocain. Une nouvelle phase qui s'ajoute, ainsi, à la longue série des polémiques entre le Maroc et l'Algérie. Benkirane a été d'ailleurs à l'origine de plusieurs épisodes de tensions. En juillet 2012, alors que la présidence tunisienne s'activait pour l'organisation d'un sommet des cinq chefs d'Etats du Maghreb, il estimait, dans un entretien accordé au quotidien Attajdid que «le prochain sommet maghrébin sera formel tant que les frontières maroco-algériennes restent fermées», précisant que «les conditions ne sont pas réunies pour la tenue de cette réunion de haut niveau».