Abdelilah Benkirane vient de souffler sur les braises des tensions entre l'Algérie et le Maroc. Le secrétaire général du PJD estime que la proximité du Maroc avec l'Afrique dérange certaines parties, une allusion plus que transparente à l'Algérie. Sur ce registre, le chef du gouvernement n'est, d'ailleurs, pas à son premier coup d'essai. La tournée royale en Afrique a été au menu du conseil du gouvernement du jeudi 27 février. A sa manière, Benkirane a saisi cette occasion pour lancer des messages aux autorités algériennes, toutefois sans les citer nommément. Dans une allocution, d'environ cinq minutes, devant les ministres présents, le PJDiste a précisé que «la normalisation des relations maroco-africaines est inéluctable», affirmant au passage que «le mensonge ne peut vivre éternellement». Benkirane s'est dit convaincu que «le Maroc a une place particulière dans le cœur des Africains. Ils sont liés à notre pays et respectent sa majesté». Cette proximité avec l'Afrique dérange Dans son intervention, le chef de gouvernement a assuré qu'il y a «des parties qui envient le Maroc de son exception et sont dérangées pour les liens historiques qui unissent le royaume à l'Afrique». Voilà un autre message adressée à l'Algérie. Benkirane a expliqué que certains trouvent des difficultés à comprendre la nature des relations maroco-africaines, transcendant le côté matériel. «Ce sont des liens spirituels, religieux et historiques, l'accueil réservé au roi Mohammed VI et les prières pour lui lors des prêches du vendredi en sont de preuves éloquentes», a soutenu le secrétaire général du PJD. Benkirane n'est pas à son premier coup d'essai Le Chef du gouvernement est un habitué des messages destinés aux autorités algériennes. Ignorant les exigences du langage diplomatique, il dit tout haut ce que nombre d'officiels pensent tout bas. En juillet 2012 par exemple, alors que la présidence tunisienne s'activait pour l'organisation d'une réunion des cinq chefs d'Etats du Maghreb, Benkirane estimait, dans un entretien accordé au quotidien Attajdid que «le prochain sommet maghrébin sera formel tant que les frontières maroco-algériennes restent fermées», précisant que «les conditions ne sont pas réunies pour la tenue de cette réunion de haut niveau». Quelques mois plus tard, le chef du gouvernement récidivait. A l'occasion d'une interview donné à une chaîne française, Benkirane déclarait que «l'Algérie ne veut pas que le Maroc intervienne au Mali, je ne sais pas pourquoi».