Le président tunisien a fait de la relance du Maghreb est une priorité. En tournée dans la région, il plaidait pour la tenue, en octobre, d'un sommet dans son pays. Après les déclarations de bonnes intentions, le pessimisme a repris son ascendant. La date du prochain sommet des pays du Maghreb n'est pas encore arrêtée. Initialement prévu le 10 octobre en Tunisie, sa tenue pourrait être reportée à une date ultérieure, voire même sine die. La préparation de ce grand rendez-vous rencontre, manifestement, des problèmes. Le porte-parole de la présidence tunisienne, Adnane Monser vient d'évoquer la probabilité d'un report du sommet maghrébin «pour davantage de concertation entre les capitales maghrébines». Du côté d'Alger, rien ne presse. Dans une déclaration à l'APS, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères estimait, le 25 juillet, que la date de ce sommet «fait encore l'objet de consultations et elle sera arrêtée lorsque le processus préparatoire aura été mené à son terme pour assurer à cette importante échéance les meilleures conditions de succès». Benkirane pose la condition de la réouverture des frontières Côté marocain, le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane déclare dans une interview au quotidien du PJD, Attajdid, que «le prochain sommet maghrébin sera formel tant que les frontières maroco-algériennes restent fermées», estimant que «les conditions ne sont pas réunies pour la tenue de cette réunion de haut niveau». Des propos qui tranchent complètement avec la ligne prônée par le ministre des Affaires étrangères. Saad Dine El Otmani a toujours plaidé pour laisser de côté les points de discorde pour les aborder ultérieurement pour s'atteler au renforcement des relations bilatérales entre les deux pays. Après sept mois de pratique de cette politique menée par le chef de la diplomatie, force est de constater que les résultats n'étaient pas au rendez-vous, hormis quelques visites ministérielles des deux côtés, souvent placées sous le thème de la courtoisie, il n'y a rien de concret. C'est dans ce contexte que Abdelilah Benkirane vient de remettre les pendules à l'heure, faisant de la question des frontières, fermées depuis 1994, une condition sina qua non pour la tenue du sommet de l'Union du Maghreb arabe (UMA). Le chef du gouvernement est revenu, dans cet entretien, à l'autre question qui paralyse l'intégration maghrébine : la question du Sahara. «Les peuples marocain et algérien sont unis par des liens d'amitié et de fraternité mais il est désolant que la direction algérienne soit d'un autre avis sur la question de notre intégrité territoriale… En définitive, il est inconcevable que la France et l'Allemagne fassent la paix et que la tension persiste entre le Maroc et l'Algérie.» Le report des sommets maghrébins est une tradition Le dernier sommet de l'UMA remonte à 1994 en Tunisie. Depuis, c'est la paralysie, et ce, en dépit des nombreuses tentatives pour relancer le processus de ce genre de rencontres. En 2005, une rencontre des chefs maghrébins étaient sur le point de se tenir en Libye. Les profondes divergences entre l'Algérie et le Maroc sur la question du Sahara avaient, à l'époque, atomisé les efforts de l'ancien homme fort de Tirpoli, le colonel Khaddafi.