Constatant que les conditions ne sont pas réunies pour relancer l'édification maghrébine, le président algérien préfère ajourner le sommet. La position marocaine exigeant de préserver son intégrité territoriale constitue une condition incontournable pour la construction de l'UMA. L'axe Rabat-Alger est l'épine dorsale de cet ensemble régional. La décision est tombée au soir du lundi 17 juin : report du VIIe sommet de l'UMA, qui devait réunir les 21 et 22 juin à Alger les Chefs d'État des pays du Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye et Mauritanie). Il semble que cette mesure a été prise par le président Abdelaziz Bouteflika sur proposition de son homologue libyen Mouamar Kaddafi. “ La date du sommet sera fixée ultérieurement à l'issue des consultations avec toutes les parties concernées“, a expliqué l'agence de presse algérienne. Même s'elle était très attendue par les observateurs, les conditions de la tenue d'une telle rencontre pour un “nouveau départ“ n'étaient pas réunies. Le problème qui bloque jusqu'ici l'édification d'un espace maghrébin uni est toujours posé : le soutien actif apporté par l'Algérie au Polisario et le jeu flagrant de ce pays qui s'oppose avec constance à l'intégrité territoriale du Maroc. La donne n'a pas changé d'un iota. Pis, ces derniers temps les rapports bilatéraux se sont même détérioré un peu plus. Le dernier acte hostile en date, la proposition algérienne de partition des provinces du sud et le refus de la solution d'autonomie pourtant soutenue par le conseil de sécurité. Pourquoi S.M le Roi Mohammed VI irait-il donc à Alger alors qu'il est de notoriété publique que les relations entre les deux voisins ne sont pas au beau fixe. Autrement, le déplacement royal dans la capitale algérienne serait perçu, au-delà du sommet de l'UMA, comme une reculade sur le dossier du Sahara. Évidemment, la tension politique qui marquent les relations entre les deux parties ne peut que déteindre sur la marche de l'UMA et geler son fonctionnement effectif. En fait, dans cette affaire, c'est l'Histoire qui se répète à l'identique. En 1988, responsables marocains et algériens se sont mis d'accord de mettre en place l'UMA, un projet ambitieux concrétisé sur le papier par le traité de Marrakech de février 1989 et ratifié par les 5 pays membres. Cette belle unanimité n'allait pas tarder à se fissurer. Le coup viendra de l'Algérie. Elle demandera à l'ONU, suite à l'attaque terroriste d'Atlas Asni ( à Marrakech en août 1994) dont la sécurité militaire algérienne était l'instigatrice, de donner un coup de fouet au processus référendaire. Alger ouvre de nouveau les hostilités. C'est ainsi que Rabat a compris le geste des Algériens en rapport avec le Sahara. Le Maroc ripostera sous forme de gel de sa participation au sein de l'UMA, qui sera condamnée dès lors à n'avoir de valeur autre qu'incantatoire dans les discours des uns et des autres. Le rêve des peuples de la région sera suspendu dans l'air en attendant que leurs dirigeants fassent preuve de réalisme et mettent de côté leurs divergences. Le Maroc est cohérent dans son attitude. Pour lui, les Algériens doivent choisir entre deux choses: l'UMA ou le Polisario. Or, les intéressés veulent les deux à la fois. C'est ce qu'on appelle le beurre et l'argent du beurre. Autrement dit, la logique algérienne à l'égard de son voisin signifie à peu près ceci : Les Algériens invitent le Maroc à être partenaire dans l'UMA tout en acceptant leur adversité acharnée sur le Sahara où elle veut créer un État-croupion. Drôle de conception du partenariat. Une conception irrationnelle. Inacceptable. Elle le sera et restera tant que l'Algérie ne sera pas revenue à de meilleurs sentiments à l'égard du Maroc. Retour donc à la case départ. Décidément, l'UMA n'est pas près de sortir de son long sommeil.