Le nouveau secrétaire général de l'UMA, Habib Benyahia, a pris ses fonctions lundi à Rabat, en remplacement de son compatriote Lahbib Boulares. Mission : relance du processus mort-né de l'intégration maghrébine. Sortir du coma politique le projet ambitieux mais jamais réalisé de l'Union du Maghreb Arabe, c'est la tâche à laquelle devrait désormais s'atteler Habib Benyahia, arrivé lundi à Rabat où il doit entamer sa nouvelle mission à la tête du secrétariat général de l'UMA. M. Benyahia, 67 ans, occupait la fonction de conseiller diplomatique auprès du président tunisien Benali, avant sa désignation comme nouveau SG de l'UMA au mois de janvier dernier à Tripoli, en remplacement de son compatriote Lahbib Boulares. Lors d'une récente entrevue avec le président libyen Mouammar Kadhafi, l'ancien ministre tunisien des Affaires étrangères a promis de « n'épargner aucun effort » pour assurer un redémarrage effectif du processus d'édification maghrébine. Ce vieux routier de la diplomatie, désigné en janvier dernier pour un mandat de trois ans, va-t-il réussir réellement à surmonter les nombreux obstacles à la sacro-sainte construction maghrébine ? A en croire son prédécesseur, Lahbib Boulares, la réalisation de cet objectif, appelé des vœux des peuples maghrébins, serait conditionnée à la volonté du Conseil des chefs d'Etat maghrébins. Le pouvoir de décision revient au Conseil de la présidence et non aux autres structures de l'UMA : Conseil des ministres et autres conseils sectoriels. Or, voilà, toujours est-il que le déblocage de la situation est confronté à l'hostilité du pouvoir algérien à l'intégrité territoriale marocaine. Un constat que le ministre Mohamed Benaïssa n'a eu de cesse de rappeler à chaque réunion du Conseil des ministres maghrébins des Affaires étrangères, mais auquel le pouvoir algérien continue d'opposer une fin de non-recevoir. L'édification maghrébine ne devrait pas se faire « sans le respect de l'intégrité territoriale des pays membres », tranche le ministre M. Benaïssa. La balle est, bien entendu, dans le camp du pouvoir algérien. Certes. Simplement, ce dernier a jusqu'ici préféré « la fuite en avant », cultivant un paradoxe pratiquement non solvable: revendiquer, d'une part, l'édification d'un Maghreb Arabe Uni constitué, comme le stipule la Charte constitutive de l'UMA (17 février 1989), de 5 pays (Maroc, Algérie, Libye, Tunisie et Mauritanie), et d'autre part, reconnaître et soutenir un certain « droit du peuple sahraoui à l'auto-détermination ». Un double jeu algérien qui a eu pour conséquence d'hypothéquer, voire paralyser, l'édification maghrébine. Au grand mépris des nobles objectifs définis par l'acte constitutif de cette entité, sur le plan politique mais aussi et surtout économique.