Finalement la sagesse l'a emporté. Le sommet de l'UMA, prévu à Alger les 21 et 22 juin n'aura pas lieu à cette date. À la dernière minute, le président algérien, Abdelaziz Boutreflika, a été contraint de constater que ce sommet était vidé de son sens et qu'en l'absence du Roi du Maroc, exprimant le point de vue et les positions de l'un des pays qui ont le plus fait pour cette belle idée nommée Maghreb… Finalement la sagesse l'a emporté. Le sommet de l'UMA, prévu à Alger les 21 et 22 juin n'aura pas lieu à cette date. À la dernière minute, le président algérien, Abdelaziz Boutreflika, a été contraint de constater que ce sommet était vidé de son sens et qu'en l'absence du Roi du Maroc, exprimant le point de vue et les positions de l'un des pays qui ont le plus fait pour cette belle idée nommée Maghreb, il était tout simplement puéril de vouloir passer outre et de nourrir une quelconque chimère en matière d'édification maghrébine, sans un ancrage objectif et raisonné dans les réalités concrètes qui sous-tendent ce rêve. Lorsque l'occupation française du centre du Maghreb, l'Algérie, a été étendue au reste de l'Afrique du Nord pour la mainmise totale sur l'ensemble de la région, un même mouvement de libération nationale, coordonné et fraternel, a quadrillé l'ensemble de des pays concernés et a pu mobiliser l'adhésion et les sympathies du monde arabe, musulman et non-aligné, pour soutenir une idée juste et légitime, une position de droit et d'équité. De sorte que les priorités furent clairement définies, au sein des peuples maghrébins : taire les intérêts étroitement nationaux pour ne pas compromettre les obligations de solidarité inter-maghrébine. Sur ce chapitre, le Maroc, on s'en souvient, a été tout simplement exemplaire. Sous l'impulsion de Feu S.M. le Roi Mohammed V, le peuple marocain tout entier et sur diverses causes d'intérêt national, a différé toute décision ou mesure qui pouvait aliéner la lutte pour la libération nationale des autres peuples maghrébins et notamment le peuple algérien frère et voisin, qui menait une lutte héroïque contre l'occupant de sa patrie. On se rappelle, en particulier, que le Royaume a refusé de valider le tracé des frontières maroco-algériennes avant l'indépendance de notre voisin de l'Est. Plusieurs décennies plus tard, c'est le Maroc qui se trouve dans une position d'autodéfense ; et paradoxalement ce sont ses voisins algériens qui arment, forment, soutiennent et téléguident un mouvement séparatiste, subversif et terroriste aux portes du Royaume. Pire encore, des centaines de ressortissants marocains croupissent dans des camps de détention sur le territoire algérien depuis plus de deux décennies et font l'objet d'un horrible chantage de la part de leurs geôliers. Chaque fois que la communauté internationale se décide à clore le dossier du Sahara dans le sens de la revendication légitime du Maroc relative à ses droits territoriaux, Alger mobilise le ban et l'arrière-ban de ses obligés pour retarder cette échéance et faire diversion sur le fond du sujet. Alors, avec cette attitude inamicale qui empoisonne les relations entre les deux pays piliers de la construction maghrébine, en termes d'importance démographique et économique, ce serait une simple vue de l'esprit de croire qu'on pourrait faire l'impasse sur un contentieux pareil et nourrir un quelconque espoir d'aller de l'avant dans l'édification maghrébine. Comme le couple franco-allemand a fait l'Europe, l'axe Rabat-Alger fera, fatalement, l'UMA. C'est une simple question de lucidité et de raison. La réconciliation prendra le temps qu'il faut, elle restera toujours la condition sine qua non d'un Maghreb apaisé.