Le sommet maghrébin de la reprise est au plus bas. Prévu pour le mois d'octobre à Tunis, il connaît une gestation difficile du fait du bras de fer qui oppose l'Algérie et le Maroc sur la question de la réouverture de leur frontière commune. Entre Alger qui sous prétexte que cette affaire est bilatérale la renvoie aux calendes grecques et Rabat qui la tient pour une marque d'apaisement des relations entre les deux pays, le fléau balance continûment. Tantôt c'est l'hypothèse d'une normalisation qui l'emporte et tantôt c'est la réalité d'une fermeture étanche qui se vérifie. Dernièrement encore, l'Algérie a escaladé un nouvel échelon dans la spirale de la surenchère en formulant officiellement des réserves sur un passage du projet de communiqué final qui sera soumis au sommet. Selon des médias marocains citant le journal algérien Al Akhbar, le gouvernement algérien aurait émis les plus expresses réserves sur un projet de recommandation invitant à l'ouverture de la frontière maroco-algérienne. A l'appui de ses remarques, Alger a considéré que des questions de ce genre se règlent dans le cadre bilatéral et qu'il n'est nul besoin d'en alourdir l'ordre du jour du sommet. Les Algériens estiment en outre que les relations maroco-algériennes sont assez fluides et directes pour ne pas avoir besoin d'intermédiation. Ce qui en langage diplomatique n'est plus ni moins qu'un niet catégorique. En face, la volonté de ne pas démordre de l'objectif de réouverture n'est pas moins ferme. Le chef de gouvernement Abdelilah Benkirane répète à l'envi qu'un sommet qui ne déboucherait pas sur la réouverture de la frontière algéro-marocaine ne peut être que formel. Pour lui, l'unité maghrébine a besoin de concret pour reprendre le processus de son édification là où elle l'avait suspendu voici 18 ans. Plus généralement, les commentateurs pensent que la question de la normalisation de la circulation des personnes et des biens entre les deux pays est un événement susceptible de redonner à l'ensemble maghrébin la volonté d'aller de l'avant sur la voie de l'agrégation. D'autant plus que la construction de l'UMA a été chaotique quasiment dès sa naissance en février 1989 à Marrakech. Depuis 1994 en effet, son Conseil des chefs d'Etat ne s'est plus réuni, en sorte que le sommet de Tunis est associé à l'espoir d'un désensablement du projet unitaire commun. Mais, au vu de l'enclenchement du processus, ce sommet risque de ne pas signifier grand-chose pour la construction maghrébine à laquelle appellent pourtant, et de plus en plus, non seulement les populations maghrébines, mais encore les partenaires européens de l'Union du Maghreb Arabe (UMA). Pour nombre d'observateurs en effet, l'UMA restera en panne tant que le différend sur le Sahara, qui en a grippé la mécanique, n'est pas résolu. Pour eux, l'Algérie utilise la question de la réouverture des frontières pour amener le Maroc à composition sur ce sujet.