Après une période d'accalmie sur le front de la guerre entre darija et langue arabe, les hostilités reprennent. Cette fois, c'est l'Istiqlal qui mène l'attaque contre le dialecte, prenant le relais du PJD. Apparemment, le PJD a transmis le flambeau à son ennemi l'Istiqlal pour pilonner les bases des partisans de la darija. Mardi à la Chambre haute du parlement marocain, Abdeslam Lebbar, un conseiller du parti de la Balance, s'en est pris violemment à Noureddine Ayouch, le fondateur de l'association Zakoura, le traitant «d'enfant du colonialisme qui défend le dialecte contre l'arabe». Poursuivant son offensive, Lebbar a estimé que grâce à ses relations avec des personnalités bien placées, Ayouch a pu bénéficier d'une aide annuelle «de plus de 4 millions de dh» de fonds publics dans le dessein de «tuer la langue et l'identité arabe» des Marocains. S'adressant directement au ministre de tutelle, le conseiller a demandé à Rachid Belmokhtar de prendre une position ferme face aux appels de Ayouch. Le ministre évite la polémique Le titulaire du département de l'Education nationale a, bien entendu, évité de répondre à la question du conseiller istiqlalien, préférant placer le débat autour des moyens à même d'assurer un bon enseignement de la langue arabe. Armé d'une étude d'un organisme international (Purse) datant de 2012, Belmokhtar a précisé qu'elle a montré que les élèves marocains trouvent des difficultés à comprendre les textes en arabe. C'est la raison pour laquelle, ils ont occupé le dernier rang sur un classement de 50 pays. Pour appuyer ses dires, le ministre a également évoqué une étude réalisée dans la région Doukkala-Abda. Celle-ci a montré que les enfants en deuxième année primaire ne parviennent pas à lire les mots en arabe. Belmokhtar a souligné que le problème se situe à ce niveau-là et non ailleurs. «Je ne vais pas me focaliser sur la darija ou l'arabe. Mon objectif principal est comment enseigner l'arabe, la langue nationale, à nos élèves dans de meilleures conditions», a martelé le ministre. Une réponse que le groupe istiqlalien ne semble guère partager. Reprenant la parole, Abdeslam Lebbar a justifié sa question par «l'intensité de la campagne de perturbation» à ce sujet et face à laquelle le ministère est resté silencieux. Pour le conseiller, la tutelle aurait mieux faire de proposer une modernisation des programmes éducatifs au lieu de dresser le constat que la majorité des Marocains sait déjà.