En dépit d'un arsenal juridique très fort interdisant la torture, dans les faits sa pratique est toujours en vigueur au Maroc. Selon le constat d'un nouveau rapport d'Amnesty, elle aurait même tendance à se généraliser et ses victimes sont d'origines diverses. Encore une fois, le Maroc est épinglé par une ONG internationale à cause de la torture. Aujourd'hui, Amnesty international a lancé une nouvelle campagne pour l'arrêt de cette pratique. Le royaume figure sur la liste des pays visés par cette initiative au même titre que le Mexique, le Nigéria, les Philippines et l'Ouzbékistan. Les victimes sont d'origine diverses Selon AI, les lois adoptées, ces dernières années, n'ont pas eu raison de la torture. Amnesty fait, notamment, allusion à la loi n° 43-04 du 14 février 2006 qui a érigé la torture en infraction et l'article 22 de la constitution du 1er juillet 2011 qui l'interdit formellement. Cet arsenal juridique pourrait se renforcer par la ratification, cette année par le gouvernement Benkirane, du Protocole facultatif se rapportant à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Certes, Amnesty a fait savoir qu'elle reçoit moins d'informations sur des cas de torture au Maroc qu'il y a vingt ans, toutefois l'ONG constate que la pratique n'affecte plus seulement une catégorie de Marocains, comme auparavant. Elle a tendance à se généraliser avec des victimes d'origines diverses : «les militants de l'Union nationale des étudiants du Maroc (UNEM) ayant des affiliations avec les partis de gauche ou des partis islamistes, des partisans de l'autodétermination du Sahara occidental, des manifestants qui dénoncent la pauvreté et les inégalités, des personnes soupçonnées de terrorisme ou d'infractions liées à la sécurité nationale, ainsi que des membres de groupes marginalisés arrêtés pour des infractions de droit commun». Le problème de l'impunité Reprenant à son compte les revendications des associations marocaines des droits de l'Homme, AI relève, dans un document consacré au Maroc, que «les juges et les magistrats du parquet mènent rarement des enquêtes sur les allégations de torture et d'autres mauvais traitements, ce qui signifie que peu d'auteurs de ces actes ont à rendre des comptes. Le climat d'impunité qui en découle annule le pouvoir dissuasif de la législation du Maroc contre la torture». Amnesty déplore, par ailleurs, la rareté «des enquêtes et des examens médicaux [ont été] ordonnés. En conséquence, l'impunité reste bien ancrée et les auteurs de ces actes continuent d'échapper à la justice». Le 13 mars dernier, le ministre de la Justice a révélé, lors d'un conseil de gouvernement consacré à la situation des droits de l'Homme, notamment au Sahara occidental, que ses services ont reçu, rien qu'en provenance de cette région, 900 sollicitudes d'expertises médicales, mais seulement 11 ont été acceptées.ra