Officiellement inculpé pour avoir extorqué 1000 dirhams à un fonctionnaire, le journaliste Mohamed Attaoui a écopé le 22 mars dernier de deux ans de prison fermes. L'intéressé et l'association Reporters Sans Frontières, évoquent la théorie du complot, visant à museler le journaliste. En février dernier, Mohamed Attaoui, correspondant pour le quotidien arabophone Al-Monataf, publiait dans le journal un article dénonçant un trafic de cèdre dans la région de Midelt (nord-est), lequel trafic impliquerait des agents locaux de la fonction publique. Ainsi, selon "Reporters Sans Frontières" (RSF), le journaliste, qui est aussi président de l'Association avenir pour le cèdre et le mouflon, "a décrit de manière précise et détaillée la contrebande du bois du cèdre par des responsables des communes rurales de la région de Midelt". Rappelons que le cèdre est une espèce protégée au Maroc. Dans son article, Mohamed Attaoui décrivait, photo à l'appui, le trafic du cèdre dans la région, depuis l'abattage des arbres, jusqu'à leur livraison, en passant par les pots-de-vin versés aux gendarmes. L'article a été publié le 16 février. Attaoui sera arrêté le 8 mars par 3 gendarmes, d'après la même source. Il est reproché au journaliste d'avoir extorqué 1000 dirhams au responsable des Eaux et Forêts de Bouadine. Lui, explique : "J'ai dit au responsable des Eaux et Forêts de Bouadine qui m'avait donné des infos sur le trafic que ma situation était difficile pour le moment, d'autant que j'avais reçu une convocation le 6 mars pour un oral le 19 mars à Meknès ou à Rabat. Il m'a donné 1000 dirhams pour me rendre à l'examen". Attaoui ajoute : "… mais il a ensuite porté plainte contre moi pour extorsion auprès du procureur le lundi 8 à 16 heures 30. La gendarmerie m'a arrêté deux heures plus tard". C'est visiblement ce fait que le journaliste ainsi que RSF dénoncent comme un coup monté par la "mafia du cèdre". À ceci, il faut ajouter, comme le révèle RSF, le fait que l'association présidée par le journaliste allait se porter partie civile pour un procès dans le cadre du trafic de cèdre, devant se tenir le 11 mars dernier, soit 3 jours avant qu'Attaoui ne soit arrêté. Condamné en début de la semaine dernière, Attaoui devrait être transféré à la prison de Meknès le 1er ou le 5 avril. Il a d'ailleurs décidé de faire appel, et serait aux dernières nouvelles, rentré dans une grève de la faim le 29 mars pour réclamer un procès équitable.