Près de trois semaines après le décès de Nassim M'Birik, le chauffard est encore en liberté. Une vidéo de surveillance a déjà permis d'identifier qu'une Golf noire avec à bord deux hommes et deux femmes était à l'origine du drame. Mais les acteurs de la société civile se disent inquiets du temps que prend l'enquête. Ils s'activent actuellement pour organiser une double marche blanche qui se tiendra finalement le 28 février prochain au Maroc et en France, pour dire «non» à l'impunité. Qui était au volant du véhicule qui a écourté les jours de Nassim, un soir de 2 février 2014 ? Trois semaines après la mort tragique du jeune MRE de France, il n'y a toujours pas de réponse. Pour rappel, Nassim M'Birik, 18 ans et élève en terminale au Lycée Camille Saint Saens à Deuil-La-Barre (Val-d'Oise), a été tué le 2 février 2014 - vers 2 heures du matin - sur la route Harhoura à Temara en face du café «Le Rivage», par un automobiliste qui s'est aussitôt enfui. Il était venu au Maroc avec sa famille pour assister aux obsèques de sa grand-mère. Immédiatement après le drame, la famille a porté plainte contre X à Rabat, ce qui a permis l'ouverture d'une enquête, mais qui, jusqu'à présent, n'a rien donné. Trois caméras de surveillance couvrent habituellement la zone du drame. Jusqu'au 14 février dernier, la famille n'avait eu accès qu'à la vidéo du café «Le Rivage», qui a permis d'identifier qu'une Golf noire avec à bord deux hommes et deux femmes était à l'origine de la tragédie. Mais, l'immatriculation reste inconnue. Ces jours-ci, les M'Birik ont pu consulter la vidéo de la banque du coin, «mais ça n'a rien donné», nous signale Mohamed, le père de Nassim. La vidéo du Palais royal reste, quant à elle, inaccessible. «Il n'y a pas 100 000 Golf noires au Maroc» Tout cela inquiète. «Ça prend vraiment du temps, surtout qu'il y a des caméras partout sur l'axe où a lieu le drame», confie à Yabiladi Abdelghani Bensaid, président de l'Association Maroc 21. «Il y a tellement de moyens qu'on peut utiliser pour retrouver la Golf. Il n'y a pas 100 000 Golf noires au Maroc», ajoute-il. Pour ce responsable associatif, il semble que l'auteur du crime habite le coin. «Ils doivent certainement résider à Salé. L'incident a eu lieu à 2 heures du matin. Ces gens revenaient peut-être d'une boite de nuit. On se demande s'ils étaient souls pour rouler à vive allure, car sur l'axe routier où s'est produit le drame, il est interdit d'aller au-delà des 60Km/h», remarque-t-il. Le même sentiment est partagé au CCME. «Nous sommes inquiets du temps que ça prend pour retrouver le chauffard, d'autant plus que l'accident a eu lieu sur un axe très surveillé», nous confie Youssef Haji, chargé de mission au CCME, ajoutant qu'il fait «confiance» à la police et à la justice pour faire le nécessaire pour arrêter le chauffard. Il s'est personnellement impliqué dans la préparation de la marche qui se tiendra le 28 février Pour l'instant, l'enquête avance à pas de fourmis. L'appel à témoin lancé par la famille n'a rien donné. «Nous avons reçu pleins de messages de condoléances et de soutien, mais aucun témoignage», indique Mohamed M'Birik. Mobilisation pour la justice à Rabat et Deuil-La-Barre La double marche de soutien à la famille M'Birik initialement prévue au Maroc et en France le 1er mars, aura finalement lieu le 28 février prochain. Actuellement, acteurs de la société civile, amis et médias s'activent des deux côtés de la rive méditerranéenne. En France, la mairie de Deuil-La-Barre a déjà donné son aval et plusieurs artistes, médias locaux, ainsi que les camarades de lycée de Nassim prendront part à cette manifestation. Au Maroc, l'autorisation devrait tomber lundi 24 février, nous indique Mohamed M'Birik. Ici par contre, la préfecture de Rabat a émis un certain nombre de restrictions. «Il n'y aura pas plus de 80 personnes et nous ne marcherons pas dans toute la ville», explique le père de Nassim pour qui, le plus important, est de rendre hommage à son fils et réclamer l'arrestation de l'assassin. Une page de soutien a été créée sur Facebook afin de mobiliser la société civile présente sur le réseau social. Le grand souhait de tous ces hommes et femmes est qu'au jour de la marche, «la gendarmerie royale et le procureur du roi annoncent l'arrestation de l'assassin de Nassim», souligne Youssef Haji. «C'est tellement difficile pour cette famille», renchérit Abdelghani Bensaid. «La maman est dans un de ces états, surtout qu'elle a perdu sa mère, avant de perdre son fils deux semaines après», explique-t-il, estimant que «cette douleur devrait pousser la police marocaine à accélérer les choses afin que les M'Birik puissent faire le deuil».