Dix mois après le décès de Tahar Sbaï, ses six enfants n'ont pas cessé de chercher la vérité sur les circonstances de cet accident qui a coûté la vie à leur père. Retour sur une histoire truffée de paradoxes. La famille Sbaï n'arrive toujours pas à faire son deuil. Et pour cause, les circonstances douteuses du décès de son père, Tahar Sbaï, 74 ans. Venu passer des vacances, en provenance de la France où il vivait avec ses enfants depuis sa retraite en 1995, dans sa terre natale, Meknès, il y a laissé la vie dans un terrible accident le 26 juillet 2004. Quittant ce jour même sa maison, vers midi, pour une promenade à vélo, dans certains quartiers de la ville de Meknès, il n'a plus donné, depuis, aucun signe de vie. Alertés par cette subite disparition, ses enfants ont commencé par appeler les autres membres de leur famille, s'accrochant à l'espoir d'une visite soudaine et inattendue. Vainement. La recherche s'active et prend fin, le 28 juillet 2004, en découvrant leur père, la dépouille plutôt, à la morgue de l'hôpital Mohammed V. Le certificat de décès mentionne que sa mort est naturelle, tandis que son beau-frère, ancien infirmier à l'hôpital Mohammed V, affirme que la victime a fait les frais d'un grave accident de la circulation. C'est le début d'une enquête diligentée par la famille Sbaï sur cette histoire dont les secrets n'ont pas encore été tous livrés. Tahar Sbai a été percuté, le 26 juillet 2004, par un conducteur, d'une voiture immatriculée en France, qui a grillé le feu rouge de l'une des grandes artères de la ville de Meknès, affirment ses enfants. En se rendant eux-mêmes sur les lieux du drame, les Sbaï assurent qu'ils « ont comparé des témoignages vivants avec ce qu'a prétendu le chauffard sur le dossier du tribunal. Les discordances étaient majeures. Il est écrit que c'est la victime qui était dans le tort et n'a fait que subir les conséquences ». Et pourtant, trois témoins oculaires ont juré que c'est une BMW, roulant à toute vitesse, qui a mis fin à la vie de ce septuagénaire pratiquant du vélo. Mais, là où le bât blesse, c'est que M.B, 29 ans, n'avait à l'époque qu'un permis de conduire pour débutant et que la voiture qu'il conduisait n'était pas assurée. En fait, cette BMW avait une assurance de la compagnie française, Assurances du Sud, qui ne couvre pas le Maroc. Aussi bizarre que cela puisse paraître, M.B, jeune Marocain vivant également en France, s'est tiré d'affaire avec une caution de 2000 dirhams. Et pour se disculper complètement, il a produit un certificat médical, délivré par la clinique El Kandoussi, attestant qu'il a souffert d'un traumatisme crânien avec perte de connaissance du 26 au 27 juillet 2004. Or, le procès-verbal de la police démontre que les témoignages de M.B ont été bel et bien recueillis le 26 juillet 2004. Les Sbaï se posaient, cela fait plus de 10 mois, d'interminables questions autour de cette affaire rocambolesque : comment est-il possible de recueillir le témoignage d'une personne qui prétend avoir été victime le même jour de l'accident d'un traumatisme crânien avec perte de connaissance ? Et puis, comment se fait-il qu'une voiture non assurée au Maroc y circule librement? Comment l'hôpital Mohammed V de Meknès a délivré un certificat de décès prouvant la mort naturelle de Tahar Sbaï, qui a été pourtant heurté par une voiture ? Ce sont là des questions parmi d'autres qui continuent de tarauder les enfants et l'épouse du défunt. En désespoir de cause, ils s'adressent aujourd'hui aux ministères de la Santé et de Justice. Et ce, dans l'espoir de connaître la vérité sur la mort de M. Sbaï.