Permettre aux Marocains du monde de siéger au Parlement, de se présenter aux élections marocaines et de voter à partir de leurs pays de résidence, tel est l'objectif d'une proposition de loi fraichement émise par l'USFP. Même si le parti de la Rose vient d'honorer une promesse faite à la diaspora en novembre dernier, les militants de la cause MRE, tout en félicitant l'initiative, émettent des craintes. Détails L'Union socialiste des forces populaires (USFP) a déposé une proposition de loi modifiant la loi organique relative à la Chambre des représentants et prévoyant 30 sièges supplémentaires au Parlement destinés aux Marocains du monde, append-t-on sur Al Ittihad Al Ichtiraki, l'organe de presse du parti. Le groupe socialiste propose également la création de bureaux à l'étranger afin de permettre aux MRE de se présenter aux élections et de voter à partir de leurs pays de résidence. D'après la même source, le texte s'appuie sur l'article 17 de la Constitution qui stipule que «les Marocains résidant à l'étranger jouissent des droits de pleine citoyenneté y compris le droit d'être électeurs et éligibles». Rappelant que cette constitution a fait de la citoyenneté démocratique et participative l'un des piliers, l'USFP estime que les Marocains devraient pouvoir exprimer leur opinion dans les politiques publiques, «qu'ils soient à l'intérieur ou à l'extérieur» du royaume. L'USFP vient ainsi de réaliser la promesse faite à la diaspora marocaine, lors de la tournée européenne de Driss Lachgar en novembre dernier. Il avait en effet, confié aux MRE que son parti émettrait une proposition de loi en leur faveur. Mais à l'époque, il n'avait fourni aucun détail. Pour l'instant, le bureau du parti de la Rose ne s'est pas encore adressé à la presse à ce sujet, mais les premières réactions se font déjà entendre. Initiative louable «On ne peut qu'applaudir cette initiative, car c'est une vieille revendication des MRE», déclare à Yabiladi Abdelkrim Belguendouz, chercheur en migration et militant de la cause MRE. Pour lui, cette proposition de loi devrait permettre «un débat parlementaire constructif pour éliminer une injustice flagrante qui n'a que trop duré à l'encontre de la communauté marocaine à l'étranger». «Lors des consultations de la communauté MRE en France et en Belgique, la participation aux élections était, à chaque fois, le premier sujet abordé par les Marocains de l'étranger», se souvient Salem Fkire, président de Cap Sud MRE et membre de la commission du dialogue national sur les prérogatives constitutionnelles de la société civile. D'après lui, la diaspora marocaine pose la même question à chaque fois que les ministres se déplacent en France pour discuter de la politique nationale : «Pourquoi vous venez nous voir si nous ne pouvons pas voter pour vous ?». «A quoi sert l'arrivée, le week-end dernier du PJD (), pour nous parler de la politique du pays si nous même en tant que Marocains, ne pouvons pas y participer ?», renchérit le responsable associatif qui salue l'initiative de l'USFP. Les MRE n'ont pas oublié le rejet par l'USFP de leur présence au CESE Cependant Salem Fkire estime qu'il faudrait attendre pour mieux juger les intentions du parti de la Rose, car ce même groupe avait rejeté – en mai 2013 - la présence des MRE au conseil économique, social et environnemental (CESE). «Est-ce une proposition pour en faire une, on verra bien», dit-il, espérant tout de même que les autres partis politiques adhèrent à cette proposition. Même souhait pour M. Belguendouz, qui espère surtout que le «gouvernement acceptera de discuter cette proposition, car souligne-t-il, «il a fallu à chaque fois trouver une excuse pour éviter la participation» de la diaspora marocaine à la vie politique du royaume. Il cite en exemple le cas des élections anticipées de 2011, où l'Exécutif «avait trouvé le prétexte qu'il n'avait pas eu le temps de bien préparer la participation des MRE». Pour lui, les élections de 2016 ne sont pas si éloignées que cela, donc, «il faut s'y préparer dès maintenant». Le CCME également concerné Dans sa proposition de loi, l'USFP aborde également le cas du CCME. Le groupe socialiste veut que le nombre des membres outre le président soit porté à 100, contre une cinquantaine prévue actuellement. D'après le texte, 40 membres et le président seraient désignés par le roi, 30 autres choisis par le premier ministre, et les présidents des deux chambres parlementaires (10 pour chacun). Les 30 membres restants seraient désignés par les associations MRE des différents pays de résidence de la diaspora. Toutefois, aucune précision n'a été donnée concernant les associations qui pourraient ou non obtenir ce droit. Outre cela, l'USFP propose que le mandat du CCME soit de cinq ans, contre quatre actuellement pour les membres, renouvelable une fois, y compris pour le président. Le parti de la Rose souhaite également instauré la parité homme-femme au sein du conseil.