Le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger brille une nouvelle fois par son absence. Le Président Driss El Yazami était invité hier à l'enregistrement d'une émission télévisée, Point de Vue, sur la chaîne marocaine Al Oula pour parler de l'exclusion des MRE du vote des élections législatives prévues ce vendredi. Mais il a annulé sa participation 24 heures avant l'enregistrement. Déçue et frustrée, l'association Cap Sud MRE qui devait participer aux débats a envoyé ce matin une lettre ouverte au CCME. Après avoir refusé une première fois d'intervenir sur le dossier de Zmag du mois de novembre dédié au droit de vote MRE, le CCME avait avancé l'excuse qu'il n'était pas à même de commenter ou de prendre position sur la question du vote des MRE, puisque sa seule fonction est de donner rapport au roi. Voilà que le CCME récidive. Invité hier à l'enregistrement de l'émission Point de Vue pour Al Oula, Driss El Yazami, le Président du CCME décide d'annuler sa participation 24 heures avant l'enregistrement. Pas de débat télévisé L'objectif de cette émission était de débattre en présence de Salem Fkire, le Président de l'association Cap Sud MRE et d'autres intervenants, des élections législatives du 25 novembre, de l'exclusion des MRE au vote de ces élections et de leur participation à la vie civique du pays. La raison invoquée pour justifier de cette absence : "impossibilité pour le Président d'être présent". Pire, le CCME n'enverra aucun représentant pour remplacer Driss El Yazami pour participer à l'émission. Pourtant, Driss Ajbali, membre du CCME avait donné une interview au journal marocain Le Soir, le 11 novembre dernier, dans lequel il parlait du vote des MRE par procuration. Il justifiait cette manière de vote par des difficultés d'organisation plus grandes que pour un référendum, par le nombre et la dispersion des MRE et surtout par la faible participation politique des MRE. «Driss el Yazami a dû renoncer à participer à l'émission que nous devions enregistrer ce lundi 21 novembre, et j'en ai été effectivement informée la veille. Cela fait partie des aléas de notre métier : c'est donc, pour moi, un non-événement, car il arrive que des invités ne puissent plus venir et que nous soyons dans l'impossibilité de les remplacer rapidement» confirme Hanane Harrath, la présentatrice de l'émission Point de Vue. «Je n'accepterai donc pas que notre émission soit prise en otage dans le cadre d'un débat qui ne nous concerne pas. Notre rôle en tant que journalistes, c'est d'apporter un éclairage sur une problématique, mais ce n'est certainement pas d'en être les arbitres. Notre métier, c'est l'information et pas la communication.», ajoute-t-elle. Lettre ouverte au CCME Suite à cette volonté de ne pas participer à l'émission, Salem Fkire envoie une lettre ouverte au CCME, une lettre qui nous est parvenue ce matin et qui dénonce ce refus de débat. «Voilà qu'après l'exclusion électorale, c'est une exclusion télévisuelle qui nous est infligée.», décrie le président de Cap Sud MRE dans son courrier. Il ajoute : «Il est important de constater qu'aucune émission de télévision sur la non-participation de 5 millions de Marocains n'a été réalisée par les différentes chaînes nationales. Aucun débat contradictoire n'a été exposé au grand public, laissant place à l'ensemble des détracteurs de la participation aux élections législatives des MRE, une autoroute pour ainsi asséner leur propagande anti-MRE sans que personne ne les contredise sur le fond, sauf si l'intervenant éventuel est assez complaisant envers l'institution en question». Pourtant comme le souligne cette lettre, un sondage effectué en mai 2009 à la demande du CCME, fait ressortir que ce que demandent en priorité les MRE est d'être considérés comme des Marocains à part entière et non comme des étrangers». Difficile pour un MRE de se sentir citoyen marocain à part entière si d'une part, on ne lui donne pas de droit de vote et d'autre part, si on ne lui explique pas pourquoi il ne pourra pas voter. Pourtant la Constitution est claire à ce sujet : elle consacre le droit de vote et d'éligibilité des MRE depuis leur pays de résidence. Objectif 2017 «Ce qu'on va faire maintenant c'est attendre les résultats des élections législatives pour savoir qui va être au gouvernement, pour rencontrer les nouveaux membres et connaître leur positionnement par rapport à la situation des MRE. On a maintenant 5 ans pour faire de l'éducation politique envers les MRE en collaboration avec les partis politiques», explique Salem Fkire. «Il y a un fossé énorme entre les MRE et les tunisiens de France qui se mobilisés massivement pour voter en octobre dernier, ils ont été privilégiés. Mon voisin de palier est tunisien et il a voté, ça m'a totalement frustré», conclut-il amèrement.