En Dordogne, dans le sud-ouest de la France, le projet d'une mosquée «fait peur» à une partie des habitants. Certains craignent de devoir entendre «des appels à la prière cinq fois par jour» alors que d'autres, plus extrémistes, voient déjà une menace d'«invasion» musulmane dans le projet. Des appréhensions qui ont poussé le maire à réagir. Le projet de construction d'une mosquée à Montpon-Ménestérol, une commune située en Dordogne, dans le sud-ouest de la France, ne plait pas à tout le monde. Une partie de la population riveraine redoute, en effet, les conséquences que pourraient avoir l'implantation d'un lieu de culte musulman dans les parages. Ils ont alors décidé de lancer une pétition contre le projet, poussant le maire Jean-Paul Lotterie à réagir. Pourtant, la demande du permis de construire de la mosquée ne date pas d'aujourd'hui. Celle-ci a été déposée le 29 novembre dernier auprès de la mairie. «Mais aujourd'hui, les rumeurs vont bon train et une pétition refusant cette construction circule, paraît-il. Ça tourne à une affaire d'Etat», explique Jean-Paul Lotterie au quotidien local Sud Ouest. Il tient donc «à mettre les choses au point». D'autant plus qu'avec l'approche des élections municipales, devant avoir lieu les dimanches 23 et 30 mars prochains, le maire qui compte se représenter ne souhaite pas qu'une polémique «empoisonne l'élection», souligne le même journal. 240 mètres carrés Le projet en question, porté par l'Association des musulmans de Montpon-Ménestérol (AMM), prévoit la construction d'une mosquée «dans le quartier pavillonnaire à la marge du bourg de Montpon». L'édifice occupera 240 mètres carrés de surface et comprendra plusieurs salles dont certaines prévues pour la prière. Un parking destiné aux fidèles musulmans ainsi qu'aux membres de l'association figure également dans le plan de construction. «Nous voulons un lieu pour notre association. Cela ne se résume pas à un lieu de prière. Ce sera un endroit où nous pourrons mener nos activités culturelles et sociales», précise un responsable de l'AMM, cité par la même source. Mais une certaine partie des riverains n'entend pas les choses de la même oreille. «Une église à la place» Persuadée que les responsables de l'association ne disent pas tout de leur projet, Mariette redoute par exemple de voir sortir du sol «une mosquée avec un minaret». Un autre habitant du quartier entend déjà «les appels du muezzin cinq fois par jour». Claude, lui, s'oppose à l'endroit choisi pour faire construire la mosquée. «Ce n'est pas à cause de la religion, mais du monde que cela va drainer», s'est-il justifié. D'autres vont encore plus loin en assurant craindre une «invasion» musulmane et réclament ainsi «une église à la place». Cette situation, l'association AMM en est bien consciente. «Le mot musulman fait peur. Dès qu'il est employé, tout prend une ampleur démesurée, alors que nous, nous combattons tous les racismes. Nous voulons juste ce que nous permet le droit et que d'autres ont déjà», a souligné un responsable. Pour l'instant, la pétition lancée en opposition au projet aurait recueilli une centaine de signatures. Pour ce qui est du permis de construire, le dossier a été transmis en décembre à la Direction départementale des territoires DDT. Celle-ci rendra «un avis qui me liera», a souligné le maire. «Pour m'y opposer, il faudrait que j'argue de vices dans le projet, de manquements aux règles d'urbanisme ou de sécurité. Pour toute autre raison, cela relèverait de discrimination flagrante. C'est un délit qui peut mener en correctionnelle». «Jamais on ne dira que je suis anti-musulman. Je préfère perdre une élection que mon âme», a-t-il ajouté. L'AMM n'a donc qu'à attendre le verdict de la DDT pour son permis de construire. Elle a encore près de 5 mois pour rendre son avis.