Cette année, les musulmans de Payerne pourront fêter l'Aïd el Kebir, dans leur ville, plutôt que de rallier les lieux de cultes musulmans d'autres communes du canton de Vaud, en Suisse. Ils ne seront toutefois, par encore tout à fait chez eux, puisqu'ils prieront dans une salle appartenant à l'Eglise évangélique réformée. Les musulmans de Payerne, petite ville du Canton de Vaud, en Suisse, feront la prière de l'Aïd dans une salle appartenant à l'Eglise évangélique réformée, rapporte 20mn.ch. «Refuser d'accueillir celui qui en a besoin, c'est ne plus être en harmonie avec l'Evangile», estime le pasteur Laurent Zum-stein, car fêter l'aïd chez les protestants est seulement un choix par défaut de la part des musulmans. Ils ne possèdent aucun lieu de culte à Payerne. «Je tiens à remercier les deux Eglises [protestante et catholique, ndlr] pour ce geste d'une grande ouverture, affirme Pascal Gemperli, président de l'Union des associations musulmanes du canton de Vaud, interrogé par la RTS. Ce n'est pas la première fois qu'elles coopèrent avec la communauté musulmane de Payerne et j'espère que ce n'est pas la dernière.» L'agent pastoral laïc Dominique Voinçon, de la paroisse catholique, a décidé d'assister à l'office des musulmans, rapporte 20mn. «J'ai été marqué par mon expérience dans un village du Burkina Faso. Musulmans et chrétiens vivaient en symbiose toutes les fêtes religieuses», explique-t-il. Mesure exceptionnelle «Je viens d'un pays, le Kosovo, où églises et mosquées sont côte à côte sans qu'il n'y ait jamais de problèmes», explique Mehdi Shahini, porte parole de la communauté musulmane de Payerne, à la RTS. Dans sa recherche d'un lieu de culte, l'homme s'est rapproché des deux Eglises de la ville. Le rapprochement débouche sur cette mesure qui doit rester exceptionnelle dans l'esprit de tous. «Maintenant, il nous faut un local propre pour ne pas toujours dépendre des autres», indique Pascal Gemperli. Alors que les musulmans forment 13% de la population de Payerne, ils ne possèdent, encore aujourd'hui, aucun lieu de culte. En novembre 2011, ils avaient trouvé un ancien cabinet d'architecte à louer qui correspondait à leurs besoins, mais une partie du voisinage s'y était opposé. Si la raison officielle évoquée par la mairie était le droit de voisinage, elle n'est probablement pas la seule à expliquer ce refus. «Je comprends que des gens aient peur, qu'il y ait des extrémistes à Payerne. Ce serait terrible ! … Mais ce n'est pas le cas ! C'est un amalgame !», s'insurge le propriétaire du cabinet prêt à louer à la communauté musulmane. Le sentiment de peur a été assez fort, en novembre 2009, pour pousser plus de la majorité des Suisses à voter pour l'interdiction de la construction de nouveaux minarets en Suisse. Depuis le refus de novembre 2011, Medhi Shahini cherche toujours un espace approprié. Cette première grande prière commune pour les musulmans de Payerne qui jusqu'ici partaient prier dans les mosquées des autres villes avoisinantes, aura valeur de test. Elle permettra de fédérer et de mesurer le nombre de fidèles pratiquant à avoir besoin d'un lieu de culte. Le «coup de com» que représente l'invitation de l'Eglise évangélique réformée à l'adresse des musulmans a aussi l'avantage de rappeler publiquement les difficultés de la communauté à trouver un lieu de culte. Enfin, l'association ponctuelle des deux religions peut également adoucir la perception que certains Suisses ont des musulmans.