Le secteur immobilier au Maroc va mal, peu être même très mal. En 2013, les mises en chantier ont enregistré une grosse chute de 28%. Si 306 649 unités ont été mises en construction en 2012, seules 234 000 l'ont été l'année dernière. Dans la catégorie des plus affectées, figure le logement social qui a connu une très grosse chute de 70%, contrairement au moyen et haut standing qui ont eux légèrement progressé. 2014 s'annonce difficile vu que le cycle de construction moyen dans le pays est de deux ans. Détails. 2013 n'aura pas été une année faste pour le secteur immobilier. Alors que la chute de l'activité a plombé les ventes de ciment, les statistiques du ministère de l'Habitat viennent de montrer que les mises en chantier n'ont pas, elles aussi, été au rendez-vous l'année dernière. Pour preuve, seules quelques 234 000 unités ont été mises en chantier en 2013 contre 306 649 en 2012, ce qui marque ainsi une grande baisse de 28%. Dégringolade au niveau du logement social Qu'est-ce explique cette chute ? Si on analyse bien les statistiques du ministère, la première catégorie de construction qui a été lourdement affectée est le logement social. Avec 131 878 unités en 2012 et seulement 39 053 un an plus tard, ce segment a connu une baisse record de 70%. Cette dégringolade s'explique premièrement par le fait que les promoteurs immobiliers abandonnent de plus en plus cette catégorie de construction. Selon La Vie Eco, les promoteurs «ne se contentent pas seulement d'initier moins de logements sociaux, ils sont aussi moins nombreux à demander des autorisations pour leur projets». Pour preuve, 132 417 logements ont été autorisés en 2012, mais seuls 50 636 l'ont été l'année dernière, ce qui fait une baisse de 60%. Si on reste donc sur la tendance baissière de ces dernières années, les projets de logements sociaux se feront, à coup sûr, de plus en plus rares. Cela s'explique aussi par les méventes enregistrées dans les logements sociaux et, également, du fait que les marocains se tournent beaucoup plus vers l'auto-construction de maisons «marocaines» qui ont enregistré 192 970 unités en 2013. Baisse des opérations à faible valeur immobilière En ce qui concerne les opérations à faible valeur immobilière, une baisse de 12% a été notée avec seulement 4 252 unités en 2013. Avec ces chiffres, on pourrait croire que ces logements à 140 000 dirhams n'intéressent pas trop les promoteurs privés, car 80% des unités mises en chantier sont du ressort d'Al Omrane. Même si le ministère a mis en place une convention de partenariat public-privé, et est parvenu à l'élargissement de la cible de ces logements, les opérateurs privés semblent tourner le dos à ce segment. Le moyen et haut standing s'en sortent mieux Les logements sociaux ne se portent pas certes au mieux, mais le moyen et le haut standing, eux, tirent leur épingle du jeu. Ces deux segments ont enregistré une hausse de 8% en 2013 au niveau des mises en chantier, ce qui donne 36 791 unités. Toutefois, cette progression est beaucoup plus à attribuer au moyen standing très demandé et qui attire de plus en plus les promoteurs. En plus, le logement subventionné pour la classe moyenne, qui en est à ses débuts, a également enregistré de bons chiffres. En effet, dans ce segment, 6 193 logements ont été répartis entre 2 513 unités pour le privé et 4 256 pour Al Omrane. Toujours selon la Vie Eco, ce sont les opérations de moyens et de haut standing ainsi que les villas qui apportent une contribution positive au total mis en chantier. Des chiffres encore loin du compte Au total, sur l'ensemble de l'année, 166 556 unités ont été achevées dans ce segment contre 145 536 en 2012, soit une hausse de 17%. Toutefois, ces chiffres restent encore en dessous des 170 000 habitats que le ministère s'est fixés d'ici 2016 pour diviser par deux le déficit en logements. Selon la même source, la répartition de cette production ne répond pas à la vision du ministère pour chaque segment. Par exemple, seuls 29 688 habitats à 250 000 dirhams ont été finalisés en 2013. Même si une progression de 8% a été notée comparé à 2012, cela reste loin des 100 000 habitats sociaux visés par le ministère chaque année. A en croire le ministre de l'Habitat, Nabil Benabdallah, il faut s'attendre à ce que la production recule jusqu'en 2015. Mais après cette date, la machine pourrait être à nouveau relancée car le cycle de construction au Maroc est en moyenne de deux ans. Seul problème : le secteur traverse aussi une crise de cash et, à l'exception de Casablanca et de Rabat, les gens n'achètent plus dans les autres villes.