Une manifestation est prévue ce vendredi à Melilla pour exiger des autorités marocaines la lumière sur les circonstances de la mort des deux jeunes tués par la Marine royale. L'affaire qui n'est pas sur le point d'être enterrée de sitôt pourrait bien être politisée. Les partis politiques espagnols de l'opposition accusent clairement le Maroc, tandis que le Parti populaire (PP) joue la carte de la prudence et semble vouloir éviter tout incident diplomatique. La mort d'Emin et Pisly, les deux jeunes tués par la marine marocaine lors d'une course poursuite, est actuellement sur toutes les lèvres à Melilla. Ce vendredi, une manifestation sera organisée dans le préside afin d'exhorter le royaume à clarifier les circonstances du décès de ces deux citoyens espagnols. Selon Europa Press, la manifestation marquera les deux mois du décès survenu le 27 octobre dernier. Jusqu'à présent, seuls deux rassemblements avaient été organisés par les amis des deux victimes grâce aux réseaux sociaux et aux SMS. Les parents des deux jeunes méliliens y avaient participé mais n'avaient jamais organisé de manifestations. Des rassemblements de moindre envergure avaient en effet déjà eu lieu à Melilla, au poste frontalier de Bni Ansar. Les protestataires dénonçaient alors l'inertie des autorités ibériques et les actes perpétrés par les patrouilleurs marocains. «Le Maroc tue, l'Espagne garde le silence», scandaient-ils. Cette première grogne avait même obligé la police espagnole à être présente à proximité de la frontière pendant trois quarts d'heure. L'opposition espagnole présente à la manifestation Si les explications du Maroc sont attendues de pied ferme, la tâche pourrait être plus compliquée qu'elle ne le laisse penser. Pour le moment, aucun détail n'a encore été révélé prouvant que les deux jeunes ont été exécutés, comme le croient encore les parents. Ces derniers ont fini par lancer un appel à toutes les associations de quartier, les ONG, les syndicats et les différentes communautés religieuses de Melilla pour manifester. Les parents auront même des soutiens de poids. En effet, trois partis politiques de l'opposition espagnole vont gonfler les rangs des manifestants. Les socialistes du PSOE, la Coalition pour Melilla (CPM) et le Parti populaire et de la liberté (PPL) se joindront à la manifestation. Selon l'agence de presse espagnole, Abdeslam Ahmed, le père de Pisly devrait assister à l'événement avec quelques centaines de personnes. Le Parti populaire joue la carte de la prudence Même si le Parti populaire a été convié, il a décliné l'invitation, estimant que cette manifestation est «politisée par le CPM». Il est clair que le PP veut éviter tout conflit diplomatique avec le Maroc alors que les enquêtes suivent leur cours. Pour le PP, la manifestation est «contre l'Espagne» car l'un des slogans scandés indique «le Maroc tue, l'Espagne est silencieuse». Toutefois, le fait de s'être opposé à la manifestation ne signifie pas que l'Espagne rangera l'affaire aux oubliettes. Le gouvernement de Melilla a bel et bien annoncé qu'il allait établir un rapport sur la mort d'Emin et de Pisly qui sera destiné au juge espagnol. D'après les autorités de l'enclave, l'autopsie a révélé que les deux jeunes «ont été agressés dans les eaux avant de mourir». Un fait d'ailleurs confirmé par une étude médico-légale effectuée à Melilla le 30 octobre dernier. Selon celle-ci les corps présenteraient des traces de coups au niveau de la tête et du torse Tous ces éléments font que les familles des victimes campent sur leur position. Elles incriminent toujours la marine marocaine d'avoir abattu à bout pourtant les deux jeunes et restent attentives aux conclusions de l'enquête menée des autorités marocaines.