La nationalité espagnole pour les juifs séfarades est le «cadeau» que s'apprête à offrir l'Espagne aux victimes de la Reconquista. Les quelques milliers de Marocains de confession juive sont éligibles. En revanche, les musulmans ne sont pas concernés par cette largesse, un devoir de mémoire amnésique. Madrid s'apprête à accorder la nationalité espagnole à tous les descendants des juifs séfarades expulsés de son territoire en 1492, indiquait hier Diario Siglo XXI.com. Le groupe des députés du parti populaire, appartenant à la majorité, vient de déposer en ce sens une proposition de loi au Congrès. Les amis du Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, croient qu'actuellement l'heure est propice à réparer une injustice qui remonte à plus de cinq siècles. A cette époque les rois catholiques (Ferdinand et Isabelle) avaient accordé, par le biais du décret de l'Alhambra, un délai de quatre mois (de mars à avril 1492) aux juifs pour se convertir au christianisme ou quitter le territoire. La majorité avait préféré l'exil en grande partie vers le Maroc. Des considérations économiques sont en jeu L'initiative des députés du PP vise essentiellement à renouer avec une population de l'Espagne d'avant la «Reconquista». Les Séfarades sont connus pour leur «loyauté» envers l'Espagne, souligne la proposition de loi. Des intérêts économiques et touristiques sont, également, en jeu. Sachant que le Maroc reçoit chaque année entre 40 à 50 milles touristes en provenance d'Israël, notamment des juifs séfarades lors de commémorations de fêtes religieuses. L'Espagne, avec son expérience touristique, peut en tirer des avantages. En ces temps de crises, toute nouvelle entrée de devises est la bienvenue. D'autant que le Portugal, le voisin et le grand rival, comme le mentionne le texte des députés du PP, a déjà accordé la nationalité aux juifs séfarades ayant trouvé refuge, momentanément, dans ce pays après leur expulsion d'Espagne. Juan Carlos s'est déjà excusé auprès des juifs mais pas des musulmans Cette nouvelle proposition de loi de la part des députés du parti populaire s'inscrit dans un processus de rapprochement entre l'Espagne et Israël, initié avec l'instauration de la démocratie chez le voisin du Nord. Le roi Juan Carlos a déjà présenté ses excuses aux juifs séfarades pour les exactions qu'ils avaient subies lors de l'inquisition. En revanche, le monarque n'a pas exprimé, jusqu'à présent, le moindre regret envers la communauté musulmane, chassée sans ménagement de l'Andalousie en 1492. Deux poids deux mesures et un devoir de mémoire partiel. En vue de réparer cette nouvelle injustice, José Antonio Perez Tapias, député du PSOE, s'était mobilisé, en 2009, pour que la chambre basse adopte une proposition de loi, non-contraignante pour l'Etat espagnol reconnaissant les crimes subis par les Mauresques. Sa démarche a connue le succès, une victoire symbolique. Lors de l'examen du texte de Tapias, les députés du PP s'étaient, par contre, totalement opposés à l'initiative.