L'affaire des deux jeunes espagnols tués dimanche 27 octobre par la marine marocaine n'est pas sur le point de connaître sa fin. Une enquête a été diligentée pour déterminer les circonstances de leur mort et les parents des victimes ont visiblement du mal à croire à une manœuvre de la marine royale qui aurait mal tourné. Selon eux, leurs enfants ont été abattus à «bout pourtant» après avoir été capturés. Détails. Le 27 octobre dernier vers 19 heures, dans la zone appelée «Punta Negri», deux jeunes espagnols répondant au nom de Emin et Pisly ont été tués par balle dans les eaux marocaines par la marine royale. Selon les premières explications sur leur mort, l'incident est survenu lors d'une course-poursuite. Les deux jeunes âgés de 20 et 24 ans ont refusé d'obtempérer aux ordres d'une patrouille voulant inspecter leur embarcation. Cinq tirs de sommation ont retenti avant que la marine ne tire deux autres coups qui leurs ont été fatals. Aujourd'hui, cette version marocaine suscite le doute du côté espagnol, note-t-on sur El Pais. Des manifestations ont même eu lieu à Melilla, au niveau du poste frontalier de Bni Ansar. Les protestataires ont dénoncé l'inertie de l'Espagne et les agissements des patrouilleurs marocains. Pour eux, «le Maroc tue, l'Espagne garde le silence». La protestation a obligé la police espagnole à être présente à proximité de la frontière pendant trois quarts d'heure. Dans une conversation téléphonique, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Margallo, a confirmé à son homologue marocain, Salaheddine Mezouar, qu'une enquête a été ouverte en Espagne et que les parents des victimes ont déposé une plainte devant le tribunal de Melilla ainsi qu'au Maroc. Du côté marocain, aucune autorité n'a fait état de l'ouverture d'une procédure judiciaire suite à la mort des deux espagnols. La marine royale «a tué nos enfants» Pour leur part, les parents des victimes, Driss Mohamed et Abdessalam Ahmed, semblent s'aligner sur un point. Selon eux, leurs enfants ont été tués par la marine royale après avoir été capturés. Ils ont indiqué que Emin et Pisly étaient venus passer le week-end à Saïdia, emportant avec eux tous les papiers et le matériel nécessaires pour leur embarcation : GPS, cartes, feu de Bengale, lumière entre autres. Selon Driss et Abdessalam, leurs deux enfants ont été contrôlés à la frontière bien qu'ils disposent de passeports valables. «Lorsque nous avons vu leurs corps, nous avons constaté des coups au front, nous croyons qu'ils ont reçu des coups de crosse», affirment Abdeselam et Driss. A les entendre, la marine aurait violenté leurs fils. «Nous pensons qu'avant de mourir, ils ont reçu une raclée». D'après ces derniers l'autopsie réalisée à Nador aurait indiqué que les victimes ont reçu des balles tirées de près. Ce qui fait croire aux parents des victimes qu'il s'agit d'une exécution. D'après Europa Press, le médecin légiste a retiré 20 à 25 grammes de plomb dans leur foie et leur estomac. «Celui qui s'y connait un peu en armes, sait que s'ils ont tant de plomb dans leur corps c'est seulement dû à des tirs depuis une courte distance», insiste Abdessalam. «Ils ont appelé pour leur dire qu'ils étaient poursuivis par la marine royale» Les constats accablants ne s'arrêtent pas là pour les parents des victimes. Ils affirment que leurs enfants ont été jetés dans la mer après leur mort car leurs vêtements étaient mouillés. Pire, selon eux, avant d'être tués, Emin et Pisly auraient appelé certains de leurs amis pour leur signaler qu'ils étaient poursuivis par la marine marocaine. En tout cas ils éliminent la piste du trafic de drogue. Une photographie prise le même jour précisément à 17h38 a été envoyée via Whatsapp. Elle montre Emin et Pisly dans leur meilleur jour. «Une personne qui va trafiquer de la drogue ne fait pas des photos en affichant ce sourire», pense Abdessalam. Les parents n'accablent pas le Maroc Selon la même source, les parents ont précisé qu'ils n'en voulaient pas aux autorités marocaines pour la simple raison que c'est grâce à l'intervention de la Gendarmerie marocaine qu'ils ont pu avoir les corps de leurs enfants. Leur principal objectif est que la Justice «condamne le ou les auteurs» du meurtre de leurs enfants. Ils réclament que «Rabat et Madrid réalisent une action dans ce sens pour punir ceux qui ont tué Emin et Pisly». Le ministre espagnol ne s'est prononcé sur cette affaire que six jours plus tard. Un fait qui pourrait signifier que Madrid n'a apparemment pas l'intention d'aller dans une querelle diplomatique avec le Maroc surtout que le royaume est fortement engagé dans la lutte contre les entrées clandestines à Melilla.