Le nouveau gouvernement Benkirane n'est pas encore sorti de l'auberge. Sa nomination, le 10 octobre, ne signifie pas la fin des ennuis pour le Chef du gouvernement. L'opposition réclame un vote de confiance. Elle exige la présentation d'une autre déclaration gouvernementale, arguant qu'il ne s'agit nullement d'une équipe remaniée mais d'une nouvelle. Benkirane ne l'entend pas de cette oreille. Cet après-midi, le cours normal de la séance des questions orales à la 2ième Chambre a été interrompu par des conseillers furieux contre la tenue d'un tel rendez-vous, estimant que le cabinet Benkirane est anticonstitutionnel. En chœur, les présidents des groupes de l'UC, du PAM, du l'USFP, de la FDT et de l'Istiqlal ont mis l'accent sur la nécessité d'un vote de confiance. Le président de la Chambre des conseillers, membre du PAM de surcroît, a tenté de convaincre les élus du bien-fondé de la séance, en vain. L'opposition a répliqué en demandant sa levée. Elle sera finalement suspendue pour cinq minutes. La suspension durera plus longtemps et obligera la première chaine à diffuser des séquences musicales de Melhoune, histoire de meubler le vide. De retour, Hakim Benchemmach du PAM prendra la parole au nom de l'opposition pour annoncer le boycott de la séance. Le même scénario pourrait se répéter à la Chambre des représentants. Laquelle pourrait, sauf revirement de dernière minute, connaître le boycott des groupes de l'opposition. C'est, en effet, le seul moyen entre les mains du PAM, de l'USFP et de l'Istiqlal en vue de contraindre le Chef du gouvernement à se plier à leur demande. Benkirane se contredit Lors de son passage télévisé de dimanche, Abdelilah Benkirane a rejeté toute idée de présenter une nouvelle déclaration gouvernementale devant les deux Chambres du parlement, estimant que sa majorité a juste subi une légère modification avec l'entrée du RNI à la place de l'Istiqlal de Chabat et qu'il n'a pas présenté sa démission au roi Mohammed VI. Quelques minutes plus tard, il affirmera qu'une commission a été constituée en vue d'harmoniser le programme, validé auparavant par le PJD, PPS et MP, qu'il avait, lui-même, énoncé, en janvier 2012, avec celui du RNI. Durant les trois mois de négociations avec Benkirane, Salaheddine Mezouar a maintes fois souligné la nécessité de réviser le programme de l'ancienne majorité, une condition sine qua non, selon ses dires, avant toute adhésion de son parti. La forte présence des technocrates requiert-elle le vote de confiance ? En exigeant un vote de confiance, l'opposition s'appuie sur l'article 88 de la constitution qui prévoit qu'«après la désignation des membres du gouvernement par le Roi, le Chef du Gouvernement présente et expose devant les deux Chambres du Parlement réunies, le programme qu'il compte appliquer». Le PAM, l'USFP et l'Istiqlal réfutent les arguments présentés par Abdelilah Benkirane et évoquent un autre élément justifiant sa demande : la forte présence des technocrates. Ils sont, désormais huit, occupant des portefeuilles très importants, à l'instar de l'Education nationale ou l'Intérieur. Ce qui, selon l'opposition, a complètement modifié la structure d'une équipe censée être hautement partisane.