Face au silence intrigant du Maroc au sujet du dossier de Ceuta et Melilla pour le porter devant l'ONU, une eurodéputée britannique vient de réagir aux demandes de souveraineté espagnoles en demandant à Madrid de quitter les deux villes occupées. Au siège des Nations-Unies, l'Espagne, par la voix de son Premier ministre, a soulevé le différend territorial qui l'oppose à la Grande-Bretagne sur Gibraltar. Le 26 septembre, devant l'Assemblée générale de l'ONU, Mariano Rajoy a qualifié le Rocher de «dernière colonie en Europe. Une situation qui affecte notre intégrité territoriale» a-t-il indiqué. Et d'appeler Londres à l'ouverture des négociations sur l'avenir de ce bout de terre en Méditerranée au nom de «la coopération régionale». «L'Espagne oublie ses colonies de Ceuta et Melilla» Les propos du leader de la droite espagnol ont, immédiatement, fait réagir une autre politique de la même matrice, mais du côté britannique. Des supports de la presse anglaise rapportent les déclarations de l'eurodéputée Ashly Fox du parti conservateur dirigé par le premier ministre David Cameron. La parlementaire a exprimé sa surprise de voir Mariano Rajoy appellé «le royaume à mettre un terme à sa présence sur le Rocher alors que l'Espagne a une dispute similaire avec le Maroc sur ses territoires d'outre-mer à Ceuta et Melilla», précisant que Madrid doit réviser «la légalité de sa présence dans les deux villes qu'elle occupent au Maroc». L'eurodéputée a également évoqué le cas d'Olivença, une ville portugaise occupée par l'Espagne, et ce, depuis 1801. Un deux poids deux mesures de Rajoy vivement dénoncé par Ashly Fox. Le 30 août, en recevant Fabian Picardo, le Premier ministre de Gibraltar, David Cameron a assuré son invité du soutien constant de Londres au Rocher. Silence au Maroc Certes, si l'eurodéputée britannique a soulevé les cas de Ceuta et Melilla ce n'est guère pour soutenir la marocanité des deux enclaves mais juste pour riposter aux revendications du chef de l'exécutif espagnol. Il n'en demeure pas moins que sur ce point, elle a fait mieux que le gouvernement Benkirane. Sur le conflit territorial opposant Madrid et Londres sur le Rocher, le Maroc est resté discrêt, alors que cette affaire le concernait au moins de manière indirecte. Les revendications marocaines réclamant la rétrocession de Ceuta et Melilla sous la souveraineté du royaume sont, depuis des mois, à peine audibles. Visiblement, le dossier de enclaves espagnoles au Maroc est sacrifié sur l'autel des «bonnes relations» avec le voisin du nord. Rabat tient à son entente avec Madrid pour que le Parti populaire au pouvoir en Espagne puisse continuer sur la voie, initiée par le gouvernement de Zapatero, de «la neutralité positive» sur le Sahara. Ceuta et Melilla peuvent, donc, attendre ?