Faire de la darija et de l'amazigh des langues officielles à Ceuta et Melilla, c'est l'ambition des nationalistes catalans qui ont émis, à cet effet, un amendement de loi organique sur l'éducation. Mais ce n'est pas l'avis d'autres formations politiques. La priorité serait ailleurs, d'après ces dernières. Détails. Les nationalistes catalans du parti ERC (Esquerra Republicana) veulent que la darija et l'amazigh deviennent des langues officielles à Ceuta et Melilla. A ce sujet, le député José Tarda a présenté un amendement à la loi organique sur l'éducation (connue sous le nom de loi Wert), jeudi 19 septembre devant le groupe mixte de la Chambre des représentants, rapporte le site EL Faro. L'objectif de cette mesure est de garantir «la scolarisation en arabe». «La priorité est de régler le problème des mathématiques à l'école» A peine soumise, la proposition des nationalistes catalans révolte. En tête, le directeur provincial de l'éduction à Melilla, José Manuel Calzado. Il y voit une volonté de soulever des débats «polémiques» dans les deux présides, comme ce fut le cas en Catalogne en 2011-2012. En effet, les immigrés, notamment Marocains, résidaient dans la communauté, sans pour autant s'exprimer en catalan. Les débats autour de la place de cette langue avaient amené les autorités à conditionner l'obtention du titre de séjour, par la maitrise du catalan. D'après M. Calzado, la priorité de la ville autonome est de faire le maximum pour réduire le taux d'échec scolaire avec notamment les grandes difficultés que rencontrent les enfants en mathématiques. «C'est vraiment ce à quoi il faut travailler», souligne-t-il. L'espagnol, d'abord l'espagnol Ce responsable de l'éducation estime «étrange» la proposition d'officialiser la darija et l'amazigh. D'après lui, aucun parent n'a demandé que ses enfants reçoivent une éducation régulière en amazigh. «On doit mettre l'accent sur l'enseignement de la langue espagnole et la sensibilisation à l'environnement, sans toutefois rejeter la langue amazighe», affirme M. Calzado. Un avis partagé par le députe du Parti populaire (PP), Antonio Gutiérrez. «L'essentiel est d'appliquer la Constitution, qui dit que tous les Espagnols ont le devoir et le droit de connaître l'Espagnol», dit-t-il. «Le plus urgent, martèle l'homme politique, est de trouver une solution à l'échec scolaire et non s'amuser avec des sujets sensibles». La question de la place de la darija et l'amazigh est évoquée au moment où l'Espagne et le Maroc viennent de signer un accord de coopération visant à promouvoir l'enseignement de l'arabe, de l'espagnol et la culture des deux pays au niveau des écoles primaires et secondaires. Pour l'instant, l'amendement proposé par les nationalistes catalans devra être étudié par l'ensemble des formations politiques de la chambre des représentants. Le Parti populaire estime que c'est perdu d'avance. Mais il faudrait attendre pour savoir ce qu'il en sera effectivement.