Les statistiques sur l'émigration des Espagnols vers le Maroc se multiplient. Les dernières publiées sont celles de l'agence Bloomberg révélant une hausse considérable en l'espace de quatre ans. Ces entrées se sont généralement faites dans l'illégalité, cependant les Espagnols semblent mieux s'adapter que les MRE d'Espagne ayant fui la crise. L'émigration des Espagnols vers le Maroc a connu une hausse de 32% entre 2008 et 2012, rapporte le site d'information El Economista citant un rapport de l'agence américaine Bloomberg. Ce record fait de l'Afrique la troisième destination des Espagnols après l'Amérique latine et l'Europe, indique la même source. De toute évidence, cette hausse s'explique par la crise qui frappe la péninsule ibérique depuis quelques années. Selon Hein de Haas, de l'Institut des migrations internationales à l'Université d'Oxford, le phénomène inversé de l'immigration entre le Maroc et l'Espagne, est un phénomène lié aux cycles économiques. Il est vrai en effet que le royaume chérifien subit aussi les conséquences de la crise européennes, en raison du fait que l'UE est son principal partenaire économique, mais sa situation n'est pas comparable à celle du pays voisin du nord. Emigration à majorité illégale Des récentes statistiques révélaient que plus de 62% de travailleurs espagnols ont été envoyés au Maroc par leurs entreprises, au cours de ces deux dernières années. De leur côté, de nombreux chômeurs ont décidé de tenter l'aventure marocaine. Selon Bloomberg, la grande majorité de l'émigration observée ces dernières années est illégale. Un fait prouvé par plusieurs reportages, dont le dernier est celui diffusé par la télévision française en juin dernier. Quand les Espagnols s'adaptent au Maroc, les MRE d'Espagne n'y arrivent pas A en croire les témoignages recueillis dans ce reportage, les Espagnols ayant fui la crise vers le Maroc semblent s'adapter au style de vie local, leur principal souci étant de pouvoir subvenir à leurs besoins quotidiens en toute aisance. Par contre, ce n'est pas souvent le cas pour les MRE revenus du royaume ibérique. Ils ont en effet été nombreux à envisager un retour au Maroc quand la situation s'est aggravée dans le pays d'accueil. Plusieurs de ceux qui ont osé faire le pas, ont été déçus par les réalités du monde des affaires dans leur pays d'accueil. Pour certains, l'adaptation de leurs enfants au système éducatif marocain est restée difficile. Il est toutefois vrai que certains Espagnols se déplacent individuellement. Du coup, ils sont seuls à devoir affronter leur nouvelle réalité de vie, ce qui leur impose moins de contraintes. En réalité, les autorités chérifiennes savent très bien que la majorité des émigrants espagnols sont en situation irrégulière. Mais le ministre de l'Intérieur, Mohand Laenser, qui exerce pourtant une chasse sans précédent aux sans-papiers subsahariens, se montre moins sévère, voire pas du tout, envers les voisins espagnols. Le syndicat des travailleurs immigrés au Maroc est monté au créneau en juin dernier, dénonçant la «discrimination raciale» de la part des autorités. Mais depuis lors, rien n'a changé.