Mieux cerner ce phénomène complexe que constitue la migration, tel était l'un des principaux objectifs de cette prestigieuse rencontre organisée par le groupe de recherche de la Banque mondiale, le ministère de chargé de la communauté marocaine résident à l'étranger, le Centre de Marseille pour l'intégration en méditerranée (Cmi), l'Agence française de développement (Afd) et le Center for global development. Ce rendez-vous avait pour but aussi, d' «analyser les politiques publiques, les perspectives et les défis de la mobilité migratoire, les déterminants du phénomène de la migration, le transfert de savoir faire, l'influence politique, économique et sociologique des migrants ainsi que l'émergence des réseaux de compétences et d'associations de migrants », indiquent les organisateurs. L'université internationale de Rabat (Uir) a accueilli la première étape, le « policy day». Une occasion qui a été saisie pour échanger avec les autorités publiques sur la question des migrations et partager un certain nombre d'expériences et de pratiques. Des participants ont souligné le retard des institutions internationales sur les questions de mobilité et d'intégration et ont appelé à la création de politiques publiques et l'amélioration des droits des migrants. Après Rabat, les 18 et 19 mai, l'université Al Akhawayn a abrité les « Academic days », deux journées consacrées entièrement à la présentation de résultats issus de travaux menés par des spécialistes et chercheurs de 16 universités internationales. Marocains, Suédois, Américains, Britanniques, Allemands, Belges, Français, Suisses, Turcs et Mexicains ont abordé, avec une démarche scientifique la migration et les thématiques qui y sont liées, dans la région Mena et dans le reste du monde. Sans relâche, ce microcosme de la communauté scientifique a débattu de différents articles, abordant parfois des cas particuliers, en cinq sessions et dix sous-sessions. Les migrations, une question plus que d'actualité Présent à Ifrane, le ministre chargé des Marocains résidents à l'étranger, Abdellatif Maâzouz a rappelé l'importance de cerner la question de la migration, « un thème qui retient plus que jamais l'attention de tous », a-t-il précisé, dans son allocution d'ouverture. D'après lui, « le choix des campus universitaires, en l'occurrence l'université Internationale de Rabat et Al Akhawayn, n'est pas fortuit. Ils représentent des hauts lieux de recherche et d'enseignement et des fleurons de la mobilité au Maroc. (...) La gestion de la migration doit se faire d'une manière concertée. (...) La cohérence des politiques est également nécessaire afin d'assurer une bonne gestion du phénomène aussi bien du côté des pays d'accueil que des pays d'origine ». Il a également souligné que les migrants constituaient des acteurs réels de transformations sociales. Le ministre en charge des MRE n'a pas manqué de donner quelques indicateurs sur l'émigration marocaine, à la fin de son allocution. Des chiffres qui parlent d'eux-mêmes, illustrant la grandeur du phénomène au Maroc. Entre 4,5 et 5 millions de Marocains résidant à l'étranger sont répartis un peu partout dans le monde, dans une centaine de pays, en particulier en Europe. Cette communauté de MRE est relativement jeune et à parité respectée. 10 % d'entre eux sont des high skills (niveau Bac+, ndlr). Abdellatif Maâzouz a précisé « le Marocain est en général un citoyen bien intégré, respectueux, indépendamment de quelques accidents sociaux qui surviennent parfois ». Migration et développement Ces deux concepts entretiennent « une relation binaire, le développement impacte la migration et vice-versa », de l'avis de Heins de Haas, chercheur au sein de l'université d'Oxford et auteur de travaux intitulés « Moroccan migration in a changing global context», dont la synthèse a été présentée au public de la conférence. Heins de Haas, en mettant l'accent sur le contexte marocain, a mis en exergue le manque criard de données sur l'émigration marocaine. Une migration contemporaine fortement influencée par le passé colonial. La France est la destination principale des émigrés marocains, en Europe, suivie de l'Espagne, la Belgique, l'Allemagne, l'Italie et des Pays-Bas. Le Canada et les Etats-Unis d'Amérique restent également des destinations très prisées en Amérique du Nord. La diaspora marocaine estimée à environ 5 millions représente un fort potentiel de croissance. Evoquer la migration et le développement, que ce soit au Maroc ou ailleurs, c'est aussi aborder des questions liées fortement à l'économie, c'est-à-dire les mannes financières, une composante complexe. Une forte corrélation existe entre migration et développement, objet de cette plateforme internationale qui permettra au Maroc «d'apporter les rectifications et les adaptations nécessaires sur la question migratoire et d'actualiser ses pratiques et politiques publiques dans le cadre de sa vision à l'horizon 2030 », selon Abdellatif Maâzouz, qui se prononçait à l'issue d'un point de presse tenu au terme des « academic days » à Ifrane.