Sans contestation, le passage de Benkirane, hier, au parlement a ravi la vedette aux programmes des télés marocaines. Le one man show, gratuit, du chef de gouvernement a éclipsé les sitcoms produites à coup de millions de dh pour la grille de ramadan. Récit des moments phares. Mercredi à la Chambre des conseillers. Le chef de gouvernement y était attendu, dans le cadre de la séance mensuelle des questions orales relatives à la politique générale, pour aborder le thème du «développement des politiques liées à l'investissement, l'industrie, le commerce et les services». Les réponses de Benkirane ont été, encore une fois, éclipsées par une série de clashs entre lui et le groupe de l'Istiqlal, du PAM, un rituel, et même, et c'est là nouveauté, avec le président de la Chambre haute du parlement, le saharaoui Mohamed Cheikh Biadillah. «Je subi des contraintes» de toute part Un passage qui n'est pas passé avec nonchalance, comme pourrait le suggérer l'ambiance de ramadan et un thermomètre qui s'affole en ce mois de juillet. Bien au contraire. Le chef de gouvernement, en bon communicateur, a saisi la transmission en directe de la séance sur Al Oula, pour lancer des messages, codés ou en clair, à ses détracteurs et à ses partisans. Le chef de gouvernement a reconnu subir des «contrainte d'en haut, d'en bas, de la droite et des lobbys». Là s'arrête la confession de Benkirane. En revanche, il s'est adressé au groupe socialiste pour rappeler le cas de l'ancien premier ministre Abderrahmane El Youssoufi (1998-2002) et les pressions qu'il avait endurées. «Personne ne peut révéler l'identité des crocodiles et des démons» Interpellé par un conseiller qui le poussait à révéler l'identité des crocodiles et des démons qui entravent l'action de son cabinet. Benkirane a répliqué en disant à son interlocuteur que «ni toi, ni moi ne pouvons révéler leurs noms». En revanche, il a présenté un réquisitoire contre les parties qui veulent, selon ses dires, tout contrôler : l'économie, la politique, la culture et les médias. Pour le secrétaire général du PJD, le problème du Maroc se résume en un seul mot le «contrôle». Il s'est montré disposé à combattre ces parties occultes mais tout en veillant à ne pas compromettre la stabilité du royaume. Durant son passage à la Chambre des conseillers, Benkirane a réussi à alterner les messages codés et ceux plus directs. Ces derniers, il les a, exclusivement, réservés à son ancien allié l'Istiqlal. Il s'est dit surpris du changement de ton des amis de Hamid Chabat. «Maintenant vous critiquez un département à la tête duquel se trouve encore un des vôtres (Nizar Baraka, ndlr) ?». Et d'enchainer par exprimer son admiration au travail accompli par le ministre des Finances. «Les démissions, je ne les ai pas encore soumises au roi» Quant aux démissions des cinq istqlaliens de son équipe, Benkirane a déclaré qu'il ne les a pas encore soumises au roi Mohammed VI, arguant que «la constitution me donne le droit de les accepter ou de les refuser». Il faisait allusion à l'article 47 de la loi fondamentale qui souligne que «le Chef du Gouvernement peut demander au Roi de mettre fin aux fonctions d'un ou de plusieurs membres du gouvernement du fait de leur démission individuelle ou collective».