L'Algérie est, certes, un pays exportateur de pétrole mais qui ne parvient pas à assurer son auto-suffisance en essence et gasoil. Elle est obligée d'en importer. Une part de cette quantité, estimée au quart, tombe entre les mains des contrebandiers. Un trafic qui commence à agacer le pouvoir en place. Il vient de faire appel à l'armée pour creuser des tranchées le long des frontières avec le Maroc. La contrebande des carburants inquiète les autorités algériennes. La tension politique avec le Maroc a mis cette activité sur le devant de l'actualité. Nombreux sont les supports de presse écrite qui ont consacré des reportages sur les longues files d'attente des conducteurs devant les stations de l'ouest pour faire le plein des réservoirs de leurs véhicules. Cet intérêt des médias s'est suivi rapidement par l'entrée en scène de l'armée. Le quotidien Infos Soir rapporte que des soldats ont commencé à creuser des tranchées le long des frontières avec le Maroc. Une opération qui devrait concerner, dans un premier temps, le périmètre de la wilaya de Tlemcen sur 170 kilomètres avant d'atteindre, dans sa phase finale, les 700 km qui séparent le Maroc de l'Algérie. Par ce dispositif, l'armée espère diminuer la contrebande pétrolière à bord de camions, à deux réservoirs, ou à dos de mulets. Des estimations avancent qu'en 2012, le voisin de l'Est aurait perdu 265 millions de litres de carburant. «25% de la production de carburant est exportée illégalement aux frontières» Parallèlement à la campagne médiatique contre le trafic de carburants et au creusage des tranchées, le ministre algérien de l'Intérieur a précisé que le phénomène est «désormais un problème, tant sécuritaire qu'économique». Dahou Ould Kablia a annoncé, lundi lors d'un point de presse, que son gouvernement a examiné «la pénurie de carburant dans les wilayas frontalières. Des mesures ont été arrêtées pour contrecarrer les contrebandiers». Il s'est dit également surpris, comme le rapporte le quotidien Liberté, que la quantité de carburants consommée par la wilaya de Tlemcen, avec son parc de véhicules toutefois modeste, dépasse celle d'Alger. Baisse des recettes pétrolières durant le 1er trimestre Même si la fuite de l'essence algérien vers le Maroc ou la Tunisie n'est pas récente, cette mobilisation tout azimut des médias, du gouvernement et de l'armée serait-elle la conséquence du poids des importations en pétrole raffiné ? En 2012, l'Algérie a été contrainte d'acheter sur le marché mondial 2 millions de tonnes de gasoil et 500 milles tonnes d'essence. Cette année, et comme la rente des exportations de l'or noir ne s'annonce guère aussi reluisante qu'auparavant, les autorités se voient obligées de lutter davantage contre le trafic de carburant. Selon des chiffres de la Banque centrale, le pays a perdu 3 milliards de dollars durant le premier trimestre 2013. De 20,37 MM dollars durant la même période en 2012, elles ont chuté à 17,53 MM dollars. Le creusage des tranchées le long des frontières avec le Maroc complètera l'installation, en mai, de vingt-quatre nouveaux postes de contrôles sur le même périmètre.