Deux mois, jour pour jour, après la décision de son conseil national de se retirer du gouvernement Benkirane, l'Istiqlal rentre officiellement dans les rangs de l'opposition. Chabat ne devrait pas avoir le moindre mal à s'imposer en tant que chef de file de l'opposition. Benkirane est appelé à chercher un autre allié pour combler le vide dans sa majorité, causé par le retrait du parti de la Balance. Le RNI, avec ses 52 députés, est le mieux placé pour remplacer le PI. Détails. La messe est dite. L'Istiqlal se retire définitivement de la majorité conduite par Abdelilah Benkirane. Hier soir, le comité exécutif du PI a ordonné à ses six ministres de présenter, aujourd'hui, leurs démissions au chef du gouvernement. Ils sont concernés par cette injonction : Nizar Baraka, ministre des Finances, Youssef Amrani, ministre délégué aux Affaires étrangères, Abdellatif Maâzouz, MRE, Abdessamad Kayouh, Artisanat, Fouad Douiri, Energie et Mines et Mohamed El Ouafa, Education nationale. Ce dernier pourrait refuser d'obtempérer à l'ordre de sa hiérarchie partisane, d'autant qu'il est apprécié par Benkirane. Ce mardi, Hamid Chabat devrait communiquer cette décision au roi Mohammed VI, mettant, ainsi, un terme à un long feuilleton qui a débuté voilà plus de 10 mois avec l'élection de Hamid Chabat au poste de secrétaire général. Commencera alors le basculement du parti de la Balance dans l'opposition. La campagne pour les élections 2016 a débuté, hier Incontestablement, c'est l'opposition qui se sentira revigorer par l'arrivée d'une nouvelle recrue, aussi forte que l'Istiqlal. La préparation de l'échéance électorale de 2016 a, officiellement, commencé hier soir. Chabat devra facilement s'imposer comme le véritable chef de l'opposition. Il n'a en face de lui que de petits leaders effacés et dont la légitimité est contestée. C'est le cas de Driss Lachgar qui dirige l'USFP au bord de l'implosion. Le PAM avec le parachutage de Mustapha Bakoury à sa tête n'est guère en bonnes conditions pour faire de l'ombre au chef de l'Istiqlal. Dans un proche avenir, le face à face Chabat-Benkirane promet de nombreux clashs entre les deux hommes. Le premier en tant que chef de file de l'opposition aura davantage de la liberté pour attaquer le deuxième. Benkirane doit chercher un autre allié, le RNI mieux placé La semaine dernière, Hamid Chabat a appelé Abdelilah Benkirane à chercher un autre allié. Le RNI de Salaheddine Mezouar pourrait combler le vide laissé par l'Istiqlal. D'abord, arithmétiquement, les RNIstes comptent 52 députés. Un nombre suffisant pour assurer la majorité au chef de gouvernement. Ensuite, le parti de la Colombe a une longue expérience dans cette mission. Depuis sa création, dans la seconde moitié des années 70, cette formation est une habituée à figurer dans les photos de familles des cabinets. Son apprentissage de l'opposition s'est effectué dans la douleur. Son retour au gouvernement serait, pour ses cadres, salutaire. Les négociations avec la direction du RNI devraient se conclure rapidement. Dans le cas contraire, Benkirane détient une carte joker dans sa main : Aziz Akhannouch. Le ministre de l'Agriculture et de la Pêche, un ancien du RNI, pourrait gagner davantage de galon en convaincant des députés de la Colombe de voter en faveur du gouvernement Benkirane. Même étant éloigné du parti, Akhannouch a, encore, de l'influence au RNI.