La scène politique nationale n'est plus statique. Avec des leaders comme Chabat et Benkirane, elle est continuellement en mouvement. Le premier a saisi son conseil national pour décider de rester ou de se retirer du gouvernement. Le second se prépare à cette option en nouant des contacts officieux avec deux partis de l'opposition: le RNI et l'UC. L'Istiqlal basculera-t-il dans les rangs de l'opposition ? Sauf coup de théâtre, nous aurons la réponse à cette question en avril prochain. Le conseil national du PI tiendra une session consacrée, en grande partie, à ce sujet. C'est la principale décision de la réunion, mercredi soir, du comité exécutif de la Balance. Il est clair que les amis de Hamid Chabat ne souhaitent pas, du moins pour le moment, couper le cordon ombilical avec la majorité gouvernementale. Une manière de donner du temps à Benkirane afin de répondre favorablement aux demandes de l'Istiqlal, exprimées dans le Mémorandum du 3 janvier, dont notamment un remaniement ministériel. C'est le seul moyen pour le nouveau patron de l'Istiqlal de récompenser ses fidèles qui lui ont permis de remporter le secrétariat général lors du 16ème congrès du parti. Benkirane a d'autres pièces de rechange Visiblement, les attaques de Chabat qui vont crescendo contre le gouvernement n'ont pas fait sortir Benkirane de ses gonds. La dernière réunion de la direction du PJD, du samedi 12 janvier, a été l'occasion pour transmettre au patron de l'Istiqlal le message suivant : Accorder du temps au chef de l'exécutif pour répondre à certaines demandes du PI ou quitter la majorité. Immédiatement, après cette mise en garde, la Lampe a donné le feu vert à ses faucons de tirer à boulets à rouges sur le PI, à l'image de Abdelaziz Aftati. Aujourd'hui, le député de Oujda s'interroge sur l'opportunité d'attendre le mois d'avril pour décider de rester ou non dans le gouvernement. Mathématiquement, les amis de Chabat ne peuvent pas faire tomber le gouvernement. Benkirane est dans une position très confortable. Il peut à n'importe quel moment remplacer les 60 députés du PI par les 52 du RNI et les 23 sièges de l'Union constitutionnelle. Ce parti, même étant classé dans l'opposition, ne cesse de faire des appels du pied à Benkirane dont le dernier en date est le vote, de ses élus à la Chambre des conseillers, en faveur de la loi de finance 2013. Il n'a y pas de fumée sans feu Pour le moment, le PJD évite de répondre aux «provocations» de Chabat. Ses cadres, à l'image de Abdellah Baha ou Abdelali Hamieddine, nient tout contact «officiel» avec le RNI et l'UC pour compléter le tour de table de la majorité en prévision du basculement de l'Istiqlal de Chabat dans les rangs de l'opposition. Ils cachent bien leur jeu. Sauf qu'en politique, tout est possible. Le RNI de Salaheddine Mezouar n'est pas fait pour l'opposition. Depuis sa création, dans les années 70 avec la bénédiction de feu Hassan II, il a toujours figuré dans la photo de famille des gouvernements précédents. Benkirane est conscient de cette réalité. Et il a également entre les mains un joker à qui il pourrait, en cas de nécessité, solliciter son intervention : Aziz Akhennouch, le ministre de l'Agriculture et de la Pêche, officiellement un ancien du RNI mais qui jouit d'une influence au sein de ce parti. Les jours à venir vont apporter davantage de nouvelles sur l'issue de ce bras de fer entre Chabat et Benkirane. Un responsable de l'Istiqlal nous confie, sous couvert d'anonymat, que le chef de gouvernement a d'ici avril suffisamment de temps pour appeler à une réunion des quatre formations de la majorité. C'est d'ailleurs notre unique demande». Dans le cas contraire " le conseil national est invité à prendre, en avril, une position sereine face à l'éventuel refus de Benkirane de tenir une réunion de la majorité".