Le gouvernement Benkirane II ne va pas faire que des heureux. Nombreux sont ceux qui vont devoir dire adieu à leur fauteuils soyeux. Benabdallah et ses ministres pourraient être les premiers d'entre eux. En parlant de plumes, on pense aussitôt au parti de la colombe. Et pour cause ! Le RNI est courtisé aujourd'hui par Benkirane pour revenir au sein d'une nouvelle coalition gouvernementale qui sera reformée autour du PJD. Tout prête à croire que Salaheddine Mezouar ne va pas cracher dans la soupe. On le sait bien, l'homme a refilé, malgré lui, le costume de l'opposition, lui qui aime tellement être au pouvoir. Mais en redevenant allié de l'ennemi d'hier, son parti, le RNI, ne va-t-il pas y laisser des plumes ? A l'évidence oui, puisque le public suit le match de près. On le sait, les électeurs pourraient comprendre, voire applaudir, une sortie glorieuse vers l'opposition, mais pas le contraire. Surtout en situation de crise comme c'est le cas aujourd'hui au Maroc. Donc voici l'un des perdants clairement identifié. Mais il y en à d'autres, plus apparents encore. Il s'agit en premier lieu du PJD, comme l'explique le politologue Abderrahim El Manar Esslimi dans l'interview qu'il nous a accordée dans ce dossier (Lire Page 14). Au sein même du parti de la lampe, des voix commencent à s'élever, notamment dans les rangs de la jeunesse de la formation islamiste, pour critiquer la mauvaise gestion de Abdelilah Benkirane de son problème avec Hamid Chabat. Les sorties du chef du PJD sont aussi diversement commentées. Les plus modérés des Pjdistes estiment qu'en brandissant notamment la menace du Mouvement du 20 février, Benkirane ne rend pas service à son parti. Du reste, en se trouvant contraint de s'allier aux ennemis d'hier, le chef du gouvernement perd la crédibilité dont il s'est longtemps targué. Autre grand perdant, le PPS. Selon nombre d'observateurs, le parti de Nabil Benabdallah risque d'être le fusible qui risque d'être sauté après court-circuit provoqué par le parti de l'Istiqlal. N'ayant que 18 parlementaires, il ne pèse pas lourd dans la balance. Il pourrait donc se voir contraint de lâcher les plus importants des maroquins dont il a généreusement hérité au profit du RNI (52 parlementaires !). Même l'UC a son poids, avec ses 23 parlementaires. C'est pour cela que Benabdallah ne supporte pas le suspense. Dans une déclaration à L'Observateur du Maroc, le chef du PPS affirme qu'il a hâte de voir ce feuilleton prendre fin. Pour lui, les deux solutions possibles pour débloquer la situation, c'est-à-dire les élections anticipées ou la formation d'une nouvelle majorité, ne lui font pas peur. Est-ce si sûr ? Le doute est permis .