Face aux événements en Egypte, les islamistes marocains ont adopté la même position : condamnation de la destitution de Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans. Une position contraire à celle de la monarchie. Le roi Mohammed VI a adressé, vendredi 5 juillet, un message de félicitations au nouveau président égyptien, Adly Mansour. «Au moment où vous assurez la présidence provisoire de l'Egypte, en cette période délicate et décisive de transition dans l'histoire de Votre cher pays, Nous vous exprimons Nos sincères félicitations, implorant le Très Haut de vous accorder succès et de guider Vos pas dans cette mission importante», indique un message du monarque. Sur les traces de l'Arabie saoudite et des autres pays du Golfe, le Maroc devient, ainsi, le premier pays de la région maghrébine à reconnaître le coup de force des militaires ayant mis un terme au pouvoir des Frères musulmans. Un coup d'Etat pour Al Adl Wal Ihssane En chœur, la mosaïque de l'islamisme marocain condamne la destitution de Mohamed Morsi. Dans un entretien accordé à la chaine TV en ligne d'Al Adl wal Ihassane, Fathallah Arsalane, le n°2 de la Jamaâ, qualifie le changement de pouvoir en Egypte de «coup d'Etat militaire mais ayant un habillage civil, et ce, par la présence du cheikh de la mosquée El Azhar, le chef de l'église copte et des personnalités politiques». Le secrétaire général d'AWI refuse catégoriquement de qualifier ce qui se passe en Egypte de seconde phase de la révolution, arguant que le «putsch est un net retour en arrière. Alors que nous étions en face d'une part d'un président démocratiquement élu lors d'élections libres et transparentes et d'autre part d'une constitution ayant requis l'adhésion des deux tiers de la population». Arsalane a, bien entendu, omis d'aborder les circonstances de l'adoption de cette loi fondamentale. Le MUR, la matrice du PJD, n'oublie pas le Maroc Même son de cloche chez le Mouvement unicité et réforme. Dans un communiqué du 6 juillet, le bureau exécutif du MUR «condamne le coup d'Etat contre le premier président en Egypte démocratiquement élu», «dénonce et la vague d'arrestation dans les rangs des partisans de la légalité démocratique et la fermeture de supports de médias, presse écrites et télévisions». Même en prenant une position sur un événement qui se passe à des milliers de kilomètres de chez-nous, les amis de Mohamed Hamdaoui n'oublient pas le Maroc. Puisant dans la rhétorique du PJD, ils concluent que la destitution de Mohamed Morsi s'inscrit dans le cadre de l'affrontement permanent entre le «courant de la réforme» et celui du «contrôle et de la prévarication». Silence chez les frères de Benkirane Six jours après l'intervention de l'armée en Egypte, aucune réaction officielle du secrétariat général du PJD n'est enregistrée. Seuls quelques têtes d'affiche du parti de la Lampe, à titre personnel, ont exprimé leurs avis là-dessus. Ce silence est la conséquence des nouvelles obligations gouvernementales. Il est clair que la formation de Benkirane se trouve dans une situation très embarrassante, d'un côté elle est de tout cœur avec les Frères musulmans et de l'autre, elle ne pourrait communiquer une position contraire au message de félicitations qu'a adressé le roi Mohammed VI au président Adly Mansour. Si le PJD a adopté un profil bas, il a laissé au bureau national de la jeunesse de parler en son nom. Bien entendu, cette organisation a condamné le «coup d'Etat contre le président Mohamed Morsi». Entre le PJD et les Frères musulmans, les relations sont plus que fraternelles. Mi-juin, le président du MUR, Mohamed Hamdaoui, était en visite en Egypte. Au même moment, Mohamed El Beltaji, un cadre du parti de la Liberté et de la Justice, l'aile politique de la confrérie, était l'invité du PJD.