L'Arabie Saoudite a été le premier pays à se féliciter mercredi de l'éviction du président egyptien Morsi, qui était soutenu par le Qatar. Un nouvel épisode de la guerre d'influence que se livrent les deux monarchies dans la région. Le roi Abdallah d'Arabie saoudite a adressé dès mercredi soir ses félicitations au président de la Haute Cour constitutionnelle égyptienne, Adli Mansour, désigné chef de l'Etat par intérim après la destitution de Mohamed Morsi par l'armée. Une «bonne nouvelle» pour la monarchie saoudienne qui voyait d'un mauvais œil l'influence grandissante de son rival qatari auprès des régimes issus de la révolution et dominés par les Frères Musulmans. Les événements du printemps arabe en 2011 et la redistribution des cartes qui a suivi ont en effet relancé la guerre d'influence que se livrent Riyad et Doha dans la région. Lors de l'élection de Morsi en Egypte, l'Arabie Saoudite a dû faire contre mauvaise fortune bon cœur et a tenté de ne pas se laisser distancer par le Qatar, le seul Etat du Golfe à soutenir les Frères musulmans. Soutien financier à une Egypte exsangue En 2012, Riyad a donc sorti le chéquier pour soutenir une Egypte exsangue financièrement. 14,5 milliards $ seraient nécessaire pour financer le programme de reforme basé notamment sur la réduction des subventions à l'énergie, l'augmentation des recettes fiscales et la relance des projets d'infrastructures. Les Saoudiens ont injecté 1,5 milliard de dollars dans le budget égyptien. Mais la tentative de rapprochement a tourné court en avril 2012 lorsque Ryad a fermé ses représentations diplomatiques en Egypte suite à des tensions liées à l'arrestation d'un égyptien en Arabie saoudite. Le Qatar a alors pris le relais pour «aider» le gouvernement Morsi. En septembre 2012, Doha a annoncé un plan massif d'investissements en Egypte de l'ordre de 18 milliards de dollars sur cinq ans. En avril 2013, alors que les négociations entre l'Egypte et le FMI capotaient, l'émirat a annoncé un nouveau soutien en achetant pour 3 milliards de dollars d'obligations souveraines égyptiennes. Outre la lutte d'influence avec le Qatar en Egypte (et en Tunisie), la crainte de l'Arabie Saoudite vis-à-vis des Frères musulmans concerne sa propre scène intérieure, où les Frères ont été persécutés après les attentats de 2001 aux USA. Le régime saoudien perçoit les Frères musulmans comme un danger, ces derniers critiquant une monarchie saoudienne asservie aux Etats-Unis. Fin 2012, 11 égyptiens ont d'ailleurs été arrêtés aux Emirats et accusés de vouloir former une cellule des Frères musulmans pour renverser le régime.