En France, «l'islamophobie fait au moins une victime chaque jour» selon le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) qui vient de publier son rapport annuel. D'ailleurs les résultats parlent d'eux même. Une hausse de 57,4% des actes islamophobes a été constatée en 2012. Et selon le Collectif, ces chiffres restent loin de la réalité. Médias et politiques seraient les principaux vecteurs de l'islamophobie. Détails. Les chiffres font peur. 469 actes islamophobes envers des institutions ou individus ont été recensés en 2012 par le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), contre 298 en 2011, soit une augmentation de 57,4%, révèle le rapport annuel de l'association publié mercredi 4 juillet. Les femmes, cible principale D'après le Collectif, «toute forme de discrimination ou de violence perpétrée contre une institution ou un individu en fonction de son appartenance réelle ou supposée à la communauté musulmane» est considéré comme un acte islamophobe. En France, les femmes en restent la principale cible. En effet, elles ont été victimes en 2012 de 84,4% des actes visant les individus, selon le rapport. «On dénombre également plusieurs cas d'enfants contraints de consommer de la viande (du cochon dans certains cas) et/ou de voir leur mère interdite de les accompagner lors des sorties», note la même source. Concernant les mosquées, une quarantaine d'entre elles dans le pays ont été victimes de profanations, d'occupations ou de dépôt d'une tête de porc, relève le rapport, ajoutant que récemment ce sont plutôt les commerces musulmans, à l'instar des boucheries halal qui ont été la cible de ce genre d'attaque. «Des chiffres en deçà de la réalité» Avec juste 188 actes islamophobes recensés en 2010, on constate une progression permanente. Mais d'après le Collectif, ces données ne représentent que «la partie émergée de l'iceberg, bien en deçà de la réalité islamophobe» vécue au quotidien par les musulmans de France. Selon le rapport, de nombreuses victimes optent pour le silence «se méfiant des agents de la force publique, qui refusent parfois de recueillir leur dépôt de plainte, les autorités minimisant trop souvent la charge islamophobe». Le recensement de plus en plus important année après année vient du fait que non seulement «il y a une tendance lourde d'explosion des actes islamophobes et dans le même temps […] les gens vont de plus en plus déclarer», a affirmé mercredi, lors d'un point de presse tenu mercredi, Marwan Muhammad, porte-parole du collectif, rapporte L'écho Républicain. Politiques et médias «responsables» C'est donc un fait d'ailleurs connu de tous. L'islamophobie en France ne fait que prendre de l'ampleur au fil du temps. Et avec un fonctionnaire mis en cause 40,9% des cas recensés, selon le CCIF, «l'Etat est impliqué dans une large proportion des actes islamophobes». Dans son rapport, l'association établit une corrélation entre la multiplication d'actes islamophobes avec certains faits divers survenus en 2012 et qui ont fait l'objet d'un traitement politique et médiatique brandissant «la menace islamique». Il s'agit entre autres, l'affaire Merah, la diffusion en septembre 2012 du film «L'innocence des musulmans», ainsi que l'histoire du pain au chocolat de Jean-François Copé, président de l'UMP. Pour le CCIF, «la France est passée d'une islamophobie politique à une islamophobie culturelle, relayée médiatiquement et politiquement». L'association en veut pour preuve notamment «les Unes de certains journaux qui alimentent le sentiment de rejet et de crainte contre une frange de la population». Et de conclure : «aujourd'hui l'islamophobie fait au moins une victime par jour» dans l'Hexagone.