La guerre des mots entre le Maroc et l'Algérie continue de plus belle. Vendredi, Rabat faisait savoir qu'elle refusait les trois conditions d'Alger pour la réouverture des frontières, qualifiant cette démarche de «pratique d'un autre âge». Les voisins n'ont, une fois de plus, pas tardé à riposter, accusant cette fois le royaume «d'escalade préméditée» contre l'Algérie. La réponse de l'Algérie au Maroc, concernant le refus de ses trois conditions pour la réouverture des frontières terrestres, n'a pas tardé. Dans un long communiqué, publié lundi par l'agence de presse algérienne APS, le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères accuse le Maroc de faire une «escalade préméditée» contre son pays. «Il est intéressant de revenir sur le séquentiel de cette escalade, que tout laisse à penser qu'elle est préméditée puisqu'elle répond à des considérations multiples qui ne nous échappent point», a d'abord estimé Amar Belani avant de relier le sujet à des déclarations de Hamid Chabat, prononcées en mai dernier. En réclamant la récupération de Tindouf et Béchar, le chef de file de l'Istiqlal avait irrité le gouvernement algérien. Un «acte d'hostilité inqualifiable mettant en cause l'intégrité territoriale de l'Algérie», a souligné, lundi, Amar Belani. «Comment doit-on interpréter le fait que ceux qui plaident vigoureusement pour la réouverture de la frontière en viennent, en même temps, à en contester le tracé», s'est-il interrogé par la suite. Et d'ajouter : «Ce n'est pas la seule contradiction que nous avions relevée puisque l'invocation des "règles de voisinage et de l'exigence de coopération" aurait voulu que les actes suivent les professions de foi, fussent-elles volontaristes et engageantes pour l'avenir de la relation bilatérale, comme celles que nous avions entendues en février dernier». «Infiltrations massives de drogues» Le porte-parole de la diplomatie algérienne n'en est pas resté là. Selon lui, tout le monde «sait et admet qu'il y a un problème grave» concernant les «infiltrations massives» de drogues à partir du Maroc. Un problème déjà invoqué par l'Algérie il y a deux semaines dans la présentation de ses trois conditions pour la rouverture des frontières. Le ministre délégué aux Affaires étrangères se disait alors «surpris que les responsables algériens évoquent le problème de la drogue alors qu'ils le passent sous silence lors des réunions bilatérales». Le conflit du Sahara sur la table Dans son communiqué, Amar Belani a également évoqué le conflit du Sahara. Pour lui, «la seule partie qui met cette question au cœur de la problématique bilatérale, c'est la partie marocaine». «Il a été convenu, au plus haut niveau, que chaque partie défendra sa position sur cette question et l'Algérie, en ce qui la concerne, continuera à défendre, en toute souveraineté et avec détermination, sa position non négociable de soutien au droit inaliénable du peuple sahraoui à l'autodétermination», a-t-il soutenu. Concernant les «attentes, ambitions et préoccupations du peuple algérien sur d'autres questions nationales et maghrébines, nous répondons tout simplement qu'il n'appartient à aucune partie étrangère de lui suggérer et encore moins de lui dicter ses choix souverains, spécialement en ce qui concerne sa solidarité naturelle avec les causes justes à travers le monde et ce, en raison de sa propre expérience historique», a conclu le responsable de la diplomatie algérienne, sans donner plus de détails sur la nature de ces «préoccupations maghrébines» dont il est question. En tout cas, la balle est à présent dans le camp du Maroc. Rabat va-t-elle encore riposter à Alger ? Réponse dans les prochains jours.