Alger a repoussé samedi l'appel de Rabat pour la réouverture de la frontière avec le Maroc, prétextant que cette question ne relève pas du seul cadre bilatéral et qu'elle doit obéir à «une approche globale» de l'avenir de toute la région du Maghreb arabe. Alger a décliné l'appel de Rabat pour la réouverture de sa frontière avec le Maroc. C'est le ministre algérien de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, qui s'est employé, samedi dernier, à manifester ce «rejet» de l'appel lancé jeudi par le ministère marocain des Affaires étrangères et de la Coopération. «Le problème de la circulation (des biens et des personnes) aux frontières (entre l'Algérie et le Maroc) ne peut être dissocié d'une approche globale de ce que nous voulons faire de notre Maghreb», a fait savoir Alger, par la voix du ministre M. Zerhouni. Ce dernier n'a fait qu'emboîter le pas au président de la République algérienne, Abdelaziz Bouteflika, qui, à la veille du début du quatrième round de négociations sur le Sahara, le 16 mars 2008, avait conditionné la réouverture de la frontière «aux problèmes qui ont entraîné sa fermeture». Alger avait fermé la frontière en 1994 après que Rabat eut imposé la délivrance de visas aux Algériens, suite à l'attentat terroriste perpétré contre l'hôtel Atlas-Asni, à Marrakech, par deux Algériens de France. Mais, paraît-il, le «problème» est beaucoup plus complexe que cela. Pour Alger, la question de la «réouverture» ne relèverait pas du seul cadre bilatéral. Elle serait liée à la nécessité de mettre en place « une approche globale» de l'avenir du Maghreb arabe, selon le ministre de l'Intérieur, M. Zerhouni. «Il ne s'agit pas de construire un Maghreb où les uns gagnent et les autres perdent. Le Maghreb ne se limite pas au Maroc et à l'Algérie. Il faut que tous les peuples qui se trouvent dans cet ensemble trouvent leurs places», a argué le responsable algérien, en réponse à l'appel de Rabat pour «ouvrir une page nouvelle dans les relations entre les deux pays voisins, tenant compte de leur passé commun et de leur destin partagé». Dans un communiqué, diffusé jeudi dernier, le ministère marocain des Affaires étrangères a invité Alger à «une normalisation des rapports bilatéraux et à une ouverture de la frontière entre les deux pays», en rappelant que «la fermeture de (cette) frontière a été décidée par l'Algérie de manière unilatérale en 1994 dans un contexte international, régional et bilatéral aujourd'hui largement dépassé». «La fermeture de la frontière entre les deux pays frères constitue de nos jours un fait singulier et exceptionnel dans le monde, contraire aux aspirations des peuples du Maghreb», relève le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération. L'appel de Rabat intervient en réponse à la position exprimée par le président Bouteflika dans une récente interview à l'agence de presse britannique «Reuters». Dans cette interview, le président algérien n'a certes pas écarté la possibilité de la réouverture de la frontière, estimant qu'elle est «tout à fait envisageable et même souhaitable». Mais, le chef d'Etat algérien a posé une condition à cette réouverture, en la liant «aux problèmes qui ont entraîné sa fermeture». En clair, le président algérien faisait allusion à un conflit de loin plus vieux que l'incident diplomatique de 1994, soit le différend, plus que trentenaire, qui persiste autour du Sahara. Ce conflit, hérité de la guerre froide, et qui est traité actuellement dans le cadre des Nations Unies, peut-il continuer d'entraver la normalisation entre le Maroc et l'Algérie, à plus forte raison la relance de la construction maghrébine ?