Le dégel des relations entre Rabat et Alger est tributaire du dépassement des blocages politiques et psychologiques de la classe dirigeante algérienne, affirme Taïeb Fassi Fihri. Le ministre des Affaires étrangères, Taïeb Fassi Fihri, vient de faire toucher du doigt le véritable obstacle à la normalisation entre Rabat et Alger. Et cet obstacle est d'ordre politique, voire psychologique. «Le dégel des relations entre le Maroc et l'Algérie est tributaire du dépassement des blocages politiques et obstacles psychologiques de la classe dirigeante à Alger», a relevé le chef de la diplomatie marocaine, lors d'une réunion, mardi soir, avec la commission des Affaires étrangères, des frontières, des zones occupées et de la défense nationale à la Chambre des conseillers, consacrée aux relations maroco-algériennes, et aux développements de la question de l'intégrité territoriale. Interrogé sur la position d'Alger au sujet de l'offre marocaine de réouverture des frontières terrestres avec le voisin de l'Est, le ministre Taïeb Fassi Fihri a déploré que l'Algérie n'ait pas donné de suite à l'appel du Maroc, relevant une kyrielle de contradictions chez l'autre partie. «Tout en prétendant soutenir le processus d'édification de l'Union du Maghreb Arabe, et veiller à l'intensification des échanges commerciaux et à la libre circulation des personnes entre les pays de la région, l'Algérie rejette toutes les initiatives marocaines pour la réouverture des frontières», a noté le ministre Fassi Fihri. Alger avait repoussé l'appel lancé par le Royaume, à la mi-mars 2008, en faveur de la réouverture de leurs frontières fermées depuis quatorze ans, réaffirmant qu'une telle initiative devait s'inscrire dans un accord global sur l'avenir du Maghreb. «Il ne s'agit pas de construire un Maghreb où les uns gagnent et les autres perdent. Le Maghreb ne se limite pas seulement au Maroc et à l'Algérie. Il faut que tous les peuples qui se trouvent dans cet ensemble trouvent leurs places», avait réagi, le 22 mars dernier, Alger, par la voix de son ministre de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni. A la disposition d'ouverture sincère manifestée par le Royaume, Alger a préféré la voie du chantage sur le dossier du Sahara. Sur ce point, Alger n'en est pas à une contradiction près. Elle qui pensait que la relance de l'édification maghrébine pouvait se faire en dehors de la question du Sahara, d'autant plus que le traitement de cette question est actuellement entre les mains d es Nations unies, se ravise et pose la même question comme un obstacle à la relance maghrébine souhaitée et à la normalisation bilatérale. Alger, qui a toujours nié être partie prenante au conflit sur le Sahara, a tout fait pour faire capoter le processus de négociations engagé à Manhasset, aux Etats-Unis. Mais, en vain. «Les négociations ( de Manhasset) se trouvent à un tournant décisif nécessitant la maîtrise du processus et la vigilance pour faire face aux tentatives désespérées visant à porter préjudice à l'intégrité territoriale du Royaume», a rassuré le ministre Fassi Fihri. Il a rappelé le grand soutien dont jouit la proposition d'autonomie présentée par le Maroc et qui est sans cesse encouragée par les pays influents sur la scène internationale, faisant constater que la région ne peut supporter la création d'un «Etat» croupion pour deux raisons se rapportant, d'une part, à la légitimité du dossier marocain, et, d'autre part, à la conjoncture régionale et internationale.