Dans ses relations avec le Maroc, l'Algérie a systématiquement recourt à une tactique d'escalade en attisant la tension et brouillant les cartes. Toutefois, cette fois-ci, elle a mis au point une nouvelle méthodologie en posant des conditions préalables à toute normalisation des relations avec le Royaume et à la réouverture des frontières. Mais dans les deux cas, Alger demeure fidèle à sa position et à sa logique, à savoir saper tout espoir de normalisation des relations bilatérales et maintenir un statu quo lamentable. L'Algérie a posé récemment trois conditions à la normalisation de ses relations avec le Maroc liées à l'arrêt de la prétendue "campagne de dénigrement" menée contre ce pays et "des flux de trafics", notamment de drogues, ainsi qu'à la question du Sahara marocain. Si Alger a l'habitude de brandir les deux premières conditions pour ne pas honorer ses engagements, la troisième condition ne laisse planer aucun doute sur son rôle dans le conflit artificiel autour du Sahara marocain. Les dirigeants algériens reconnaissent ainsi sans ambages, et par voie officielle, que leur pays est partie prenante à ce conflit. Il s'agit d'une réalité qui n'a jamais échappé au peuple marocain qui a toujours été au fait de l'implication algérienne dans ce différend depuis le début, compte tenu du plein engament diplomatique d'Alger et sa forte mobilisation politique et institutionnelle contre le Maroc, ainsi que de sa claire responsabilité humanitaire en rapport avec ce conflit, telle qu'elle a été établie, de manière évidente, dans plusieurs rapports du secrétaire général des Nations Unies. Dans de ce même sens, l'Algérie a déclaré, par la voix du porte-parole de son ministère des Affaires étrangères, qu'elle place la question du Sahara marocain au cœur de ses relations avec le Maroc, faisant fi d'un accord conclu entre les deux pays, au plus haut niveau, sur la nécessité d'établir une séparation claire entre le dossier du Sahara et le développement des relations bilatérales. Cette approche a, en permanence, été respectée par Rabat dans le souci de prémunir le processus de consolidation des relations maroco-algériennes, sachant que le Sahara est une question nationale cruciale qui fait l'objet d'un consensus national immuable. Avec un langage diplomatique dans l'air du temps, le Maroc a affirmé qu'imposer d'une manière unilatérale des conditions préalables à la réouverture des frontières terrestres entre les deux pays était inacceptable dans le fond et la forme, étant donné qu'il s'agit d'une attitude contradictoire avec les règles de bon voisinage et de coopération, ainsi qu'avec le droit à la mobilité des citoyens, autant de valeurs universelles qui ne peuvent être assujetties à des conditions ou être contournées par des prétentions politiques injustifiées. L'interprétation de la part d'Alger de l'exercice d'un droit garanti aux citoyens au Maroc, celui de liberté d'opinion et expression, comme étant une "campagne de dénigrement" dirigée à son encontre suscite l'étonnement. Ce constat a poussé le Maroc à estimer que l'entêtement algérien à vouloir comprendre les choses sous cet angle émane d'une "approche dépassée". Le Maroc a fait preuve, en outre, de sagesse vis-à-vis de la condition algérienne liée à l'arrêt des "flux de trafics", une question qui doit être réglée logiquement dans le cadre d'une coopération positive entre les autorités des deux pays, au lieu d'être posée comme condition qui ne fait que compliquer davantage cette situation relative à une "activité" pratiquée également à partir du territoire algérien. En posant des conditions préalables à la réouverture des frontières terrestres, position dictée peut être par une conjoncture interne, Alger se défait de ses engagements par rapport à l'édification maghrébine et de sa responsabilité sur le plan régional qui impose de coopérer au niveau sécuritaire pour faire face aux groupes terroristes d'Al Qaida et aux réseaux criminels transfrontaliers de plus en plus actifs dans la région. En faisant usage de tactiques conjoncturelles pour faire perdurer la situation de tension avec le Maroc, l'Algérie ne réussira pas à fuir éternellement des réalités évidentes.