Entre le Maroc et l'Espagne, les différends territoriaux ne manquent pas. Ceux de Sebta et Melilla sont source de tension permanente entre les deux pays. Aux revendications marocaines, toutefois timorée sur les deux villes, l'Espagne réplique par ses propres revendications sur Gibraltar sous souveraineté britannique. L'avenir de Sebta et Melilla serait-il lié à celui du Rocher ? C'est la position soulevée par un diplomate espagnol. «Quand l'Espagne récupère Gibraltar, Ceuta et Melilla pourraient être rétrocédées au Maroc». Les propos sont d'Angel Manuel Ballestero, tenus dans un entretien qu'il a accordé à la publication en ligne elfarodigital.es. Ballestero est un diplomate très expérimenté et un excellent connaisseur du dossier du Sahara occidental. Et pour cause, l'homme était le premier et le dernier représentant de l'Espagne dans la région post-1975 où il avait passé quatre ans. Visiblement très sûr de ses arguments, l'ambassadeur affirme que «Rabat sait parfaitement que la voie juridique» ne pourrait lui assurer le retour à sa souveraineté de Sebta et Melilla mais «c'est la voie politique, la mieux appropriée pour appuyer ses revendications. Et c'est la raison pour laquelle, le Maroc ne frappera jamais à la porte du Tribunal international de justice, parce qu'il est conscient que ses chances seraient minimes (…) Pour le royaume alaouite, le conflit n'est pas juridique». Et c'est précisément la même approche prônée par Madrid sur la question de Gibraltar. Un dossier qui ne figure pas à l'ordre du jour de 4ième Commission de l'ONU sur la décolonisation. Une 3ième voie est possible pour les deux villes L'avenir de Sebta et Melilla n'est pas automatiquement lié à l'Espagne ou au Maroc. Le diplomate Angel Manuel Ballestero n'écarte pas la possibilité d'une 3ième voie qui serait claquée sur le modèle de Monaco, un Etat dépourvu de politique étrangère et d'armée mais entretenant des relations privilégiés avec Rabat ou Madrid. Mais en tenant compte du contexte actuel, le diplomate constate que la souveraineté espagnole sur les deux villes n'est nullement menacée par les revendications marocaines. Le niveau de vie assez élevé à Sebta et Melilla par rapport à celui au Maroc favorise nettement ce statut. Une lecture qui a déjà fait ses preuves à Gibraltar. Les habitants du Rocher avaient rejeté à une majorité écrasante, par le referendum du 7 novembre 2002, (98,48 contre seulement 1,03%), l'accord de la co-souveraineté signé entre le chef du gouvernement britannique, le travailliste Tony Blair, et son homologue espagnole José Maria Aznar du PP. L'option défendue par l'ambassadeur, Angel Manuel Ballestero, est à l'opposé de celle de Maximo Cajal, également un diplomate et ancien conseiller de Zapatero de 2004 et 2008. Dans son livre, paru en 2003 «Ceuta et Melilla, Olivenza et Gibraltar, où s'arrête l'Espagne?», l'auteur propose la rétrocession des deux villes au Maroc.