L'an dernier 90% des 6243 Marocains qui ont émigré en France étaient des saisonniers. Aujourd'hui, le Maroc reste pourvoyeur de main d'oeuvre pour la France, mais aussi plus largement l'Europe et quelques autres pays, sans pour autant en tirer un bénéfice évident. Boubakeur, directeur de la représentation de l'Office Français de l'Immigration et de l'Intégration (OFII) au Maroc, lors de l'anniversaire des 50 ans de l'OFII, vendredi 6 juin. Si l'organisme n'a curieusement aucun site internet au Maroc, il gère pourtant le départ pour la France de 20 000 Marocains chaque année. En 2012, exactement 6243 Marocains ont quitté le Maroc pour travailler en France. «Les chiffres diffèrent selon les aléas climatiques et selon la demande en France exprimée par les employeurs, mais l'immigration saisonnière représentent 4000 à 5000 travailleurs saisonniers qui partent chaque année essentiellement dans le sud de la France, notamment les Bouches du Rhône et la Corse», précise Sami Boubakeur. Paradoxalement, saisonnier agricole n'appartient pas à la liste officielle des métiers «en tensions» pour lesquels «l'opposabilité du marché du travail» autrement dit «la préférence nationale» n'est pas applicable à la demande d'emploi. ANAPEC International Des collaborations ont été nouées entre l'ANAPEC et l'OFII au cours des années. Abdelhamid El Jamri, ingénieur en projet de développement, a notamment mis en place un projet de circulation des personnes entre le Maroc et l'Union européenne à des fins de travail entre 2001 et 2003 dans le cadre d'un accord international. «A l'époque l'Union européenne avait avancé 6 millions d'euros et le Maroc ajouté 3 millions», se rappelle Abdelhamid El Jamri. L'objectif était de répondre au mieux aux besoins des entreprises de l'Union européenne. «Le projet était divisé entre l'émigration, la formation en amont du départ et le retour au Maroc», se souvient-il. Est ainsi née l'ANAPEC International. L'intérêt du Maroc ? «Au départ on voulait que le Maroc développe prépare des stocks de travailleurs, de sorte que lorsqu'il y avait des commandes depuis l'Union européenne, il y ait des personnes prêtes à être employées, mais aujourd'hui ces stocks ne sont pas formés», regrette Abdelhamid El Jamri. Conséquence : «on débauche des travailleurs au Maroc pour les envoyer en Europe», explique-t-il. Le Maroc se retrouve donc aujourd'hui dans une situation où il met en œuvre le projet pilote Maroc-UE sur la mobilité de travail, à ses seuls frais, et alors que les travailleurs qui quittent le Maroc pour partir en Europe ou dans d'autres pays étaient déjà employés au Maroc. Dans cette situation, le Maroc se fait pourvoyeur de main d'œuvre pour l'étranger sans même la perspective de réduire directement le chômage.