Sans nul doute, la politique migratoire peut être une solution intéressante pour pallier au chômage. le Maroc a compris d'une certaine façon qu'il doit s'adapter aux enjeux de la mondialisation en matière de l'offre et de la demande d'emploi. L'émergence d'une économie de mobilité internationale, semble préoccuper les responsables de l'emploi, c'est un fait. L'Etat marocain se voit dans l'obligation de se doter d'outils permettant de recenser et de suivre l'évolution de la circulation des personnes et la mobilité des forces vives. De ce fait, une table ronde organisée le 29 février sous le thème «Appui institutionnel à la circulation des personnes, Expériences et conditions» par l'ANAPEC, le Ministre de l'Emploi et la Formation Professionnelle et la délégation de la commission Européenne au Maroc, a été une forte occasion pour que le dispositif de gestion de la circulation des personnes pour le travail entre le Maroc et l'Union Européenne, fasse l'objet de propositions et suggestions fondées afin de mieux réussir la concrétisation du plan d'action prévu pour 2008 dans le cadre de la circulation à l'international des forces vives. Jamal Aghmani, Ministre de l'emploi et de la Formation Professionnelle, a proposé lors de son allocution, des mesures concrètes pour renforcer une articulation institutionnelle adéquate et solide entre la tutelle et le projet considéré avant tout comme un projet du gouvernement Marocain et de la commission Européenne. Selon le ministre de l'emploi, cette politique de migration doit être renforcée et prendre de l'ampleur pour toucher les zones marocaines à fort potentiel migratoire. Certes, une telle politique ne peut que jouir d'une reconnaissance nationale en l'absence d'une stratégie du plan en matière d'atténuation du déséquilibre du marché du travail à moyen et long terme, faute d'une croissance économique forte et créative d'emploi. Mais qui aide qui ? Et qui en profite ? Selon le Haut Commissariat au plan (HCP), la population active au chômage a connu une augmentation de 30 000 chômeurs, passant de 1062 000 en 2006 à 1092 000 en 2007, soit une hausse de 2.8%. Cette augmentation concerne essentiellement le milieu urbain où le chômage demeure très élevé avec 22.000 chômeurs et plus. En milieu rural où le niveau du chômage est particulièrement faible, le nombre de chômeurs a augmenté de 8000. Ajoutons que le Maroc est classé 124ème au monde pour son développement humain, selon un rapport de la PNUD. Quelle baguette magique faut-il manipuler pour que le Maroc puisse amortir progressivement ce retard ? Le Maroc n'a pas les moyens financiers pour promouvoir une politique généreuse de l'emploi. Face à cette réalité, l'indice du nombre de marocains clandestins et ceux qui brûlent leurs papiers d'identification risque de bondir considérablement. Pour éviter une gestion lourde d'un gaspillage quantitatif et qualificatif des ressources humaines, réduire la pression du chômage et accompagner économiquement les mesures drastiques prises par le Royaume pour lutter contre l'immigration clandestine, le Maroc a compris d'une certaine façon qu'il doit s'adapter aux enjeux de la mondialisation en matière de l'offre et de la demande d'emploi. Pour ce faire, il joue sur la proximité avec l'Europe pour légaliser une certaine forme de migration. De ce fait, le Maroc a développé un système qui consiste à recruter des travailleurs saisonniers pour aller faire la récolte dans les champs agricoles en Europe. Ainsi, l'Espagne a renforcé la migration légale en provenance du Maroc, en recrutant en 2008 12.000 ouvriers dans les champs de fraises contre 990 en 2007 et 12.000 en 2005. Les «mamans» marocaines acceptant quitter leurs maris et leurs enfants et travaillant trois mois à la collecte des fraises contre un salaire de 32.4 euros/jour, doivent ensuite revenir au Maroc. En 2007, 400 travailleurs saisonniers ont été envoyés en Corse ( France). D'après, Jean Pierre Alix, coordinateur entre l'ANAPEC Maroc et l'ANAPEC France, 70% de ces travailleurs n'ont pas rejoint leur pays au terme du contrat saisonnier et se sont reconvertis en clandestins. Visiblement, il s'agit là d'une alternative à l'immigration clandestine et qui cause le malheur des familles marocaines. Une politique sans pitié ! Sachant que parmi les conditions du contrat, les ouvrières marocaines doivent d'abord être mères d'enfants et mariées, imaginons donc le degré du drame : Combien d'enfants sont loin de leurs mamans, qui se sont reconverties dans la clandestinité, perdues sous le ciel de l'Occident. Dans la mesure où l'Europe est obsédée par le durcissement des conditions légales et de séjour des étrangers sur son sol, ces enfants ne trouvent que les larmes pour réchauffer leurs cœurs en l'absence d'une «mère» qui plonge dans la clandestinité une fois dans le pays d'accueil. La vraie question qui s'est posée avec acuité lors de cette table ronde : quelle garantie pour que les employés immigrants via un contrat de travail à délai déterminé reviennent au Maroc ? Parmi les mesures proposées dans le cadre de la stratégie de retour : développer pendant la durée du projet des services spéciaux. D'après Abdelhamid El Jamri, expert en migrations internationales, ceci devrait permettre de développer du point de vue de la structuration de la réintégration des travailleurs, deux lignes de déblayage pour le développement d'actions futures de la part de l'administration marocaine. Par conséquent, plusieurs séances de travail avec des parties prenantes vont se dérouler en Mars et avril 2008, afin d'étudier la question du retour et voir dans quelle mesure un service pourrait être créé pour prendre en charge : - L'orientation des migrants qui rentrent au Maroc en vue d'y intégrer un emploi (ANAPEC). - L'accompagnement des migrants porteurs de projets de création d'activité (CRI). Exode de compétence Le Ministre chargé de la communauté marocaine résidant à l'étranger, est appelé à jouer un rôle important. La mission n'est pas aussi facile, sachant que les candidats à ce type d'immigration pensent d'abord à leur avenir personnel aux revenus «en devises» qu'ils peuvent tirer. L'opération reste une aventure avec toutes ses incertitudes. Sans aucun doute, le flux des observateurs migratoires organisés, éloigne des scènes humiliantes de marocaines qui meurent au détroit de «Jabal Tarik» et tire vers la baisse le taux de chômage. Mais l'économie marocaine ne risque-t-elle pas de gérer une déperdition dure des connaissances et du savoir faire ? Un rapport publié par le commissariat général du plan Français, indique que la France affiche des besoins importants de renouvellement et de recrutement en personnel à qualification scientifique, technique et technologique de 8000 à 147.000 par an entre 2001 et 2013. Pour faire face à cette situation, le plan estime que l'Etat français doit d'abord alimenter le marché du travail indépendant du recours au vivier, interne via l'immigration scientifique. Ajoutons que d'après l'estimation des observateurs, le déficit au niveau de personnes hautement qualifiées dépasse de loin 4.000 000. Un tel marché international n'est-il pas en mesure d'absorber les chômeurs diplômés et qualifiés marocains ? Dans la mesure où le gouvernement chinois a établi plus de 70 parcs industriels techniques et technologiques pour que leurs étudiants sortant des grandes écoles et universités lancent des entreprises industrielles, 60% de nos ingénieurs quittent le Maroc et partent à l'étranger. Si la stratégie de la mobilité internationale des forces vives vise aujourd'hui la main d'œuvre exploitée dans l'immobilier et les services touristiques, demain, les pays d'accueil fixeront leurs regards sur les cerveaux. A-t-on oublié que l'économie marocaine est face à un véritable défi d'amélioration de compétitivité de son tissu économique productif. De ce fait, le Maroc est appelé à qualifier la main d'œuvre marocaine pour répondre au besoin sans cesse croissant affiché par des secteurs à fort potentiel de croissance, notamment le secteur immobilier et touristique, à mieux former ses diplômés et de valoriser les ressources humaines afin d'exploiter ses forces vives dans le processus de production économique national. Nos universités vont-elles opérer pour satisfaire les besoins en ressources humaines des pays européens. Forcément, la stratégie de l'exode des compétences est à gérer avec prudence. L'Etat prend le taureau par les cornes Il paraît que l'Etat marocain a la forte volonté de renforcer sa politique migratoire pour que le taux de chômage soit revu à la baisse. Le Ministre de l'emploi a exprimé, lors de son allocution, son espoir que le cadre de coopération en matière de travail avec les pays d'accueil soit renforcé davantage et que de nouveaux accords de main d'œuvre soient conclus avec ces pays. Comme il a recommandé d'élargir les groupes cibles par la structuration d'un système de prospection qui doit être élaboré et finalisé en concentration avec les parties prenantes, avant fin mars 2008. Dans le même sens de l'élargissement et la diversification de la population cible, le projet de circulation de personnes, prévoit l'intégration d'un système d'équivalence des qualifications marocaines avec les qualifications européennes. Pour faire aboutir un tel projet ambitieux, des investissements considérables sont à concrétiser en termes de moyens humains et matériels : - Ouverture de l'agence à l'international de Rabat en mars 2008. - Ouverture de l'agence de Tanger mi- mai 2008. - Ouverture de l'agence de Fès et Marrakech en décembre 2008. - Livraison de matériel informatique et audio visuel avant fin mars 2008. - 1er plan de formation des conseillers achevé avant fin juin 2008. - Offre de service lancée en cours - Lancement de la version de WEB en avril 2008.