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L'Istiqlal ou la politique de l'immaturité
Publié dans Yabiladi le 20 - 05 - 2013

La vie politique dans notre pays semble condamnée à l'immaturité. Arriver à un niveau de sagesse semble au dessus de ses capacités. La manière dont a été gérée la décision du parti de l'Istiqlal de se retirer de la coalition gouvernementale est un exemple d'immaturité politique.
Depuis le changement de sa direction, ce parti n'a cessé de réclamer un remaniement ministériel. Devant le refus du chef du gouvernement, il s'est installé, en dénigrant toutes les actions gouvernementales, dans un rôle d'opposant laissant les observateurs perplexes. Conséquence de cette position contre nature, son conseil national a voté, la semaine dernière, le retrait de ses membres du gouvernement.
Dont acte. Sauf qu'au lieu d'agir en toute souveraineté, le parti se retourne vers l'arbitrage royal en invoquant l'article 42 de la Constitution. Pourtant on a beau lire et relire cet article, on ne trouve pas de raison à ce recours. Jugez-en ! Cet article établit les prérogatives du Roi : il est le chef de l'Etat, l'arbitre du bon fonctionnement des institutions étatiques et le garant de l'indépendance du pays et du respect de la constitution. Or, le retrait de l'Istiqlal de la coalition gouvernementale n'est ni un problème institutionnel ni un danger pour la Constitution ou l'indépendance du pays. Ce parti aurait dû, après avoir entériné la décision de retrait prise par son conseil national, invoquer l'article 47 qui lui est dédié à la formation du gouvernement et à la démission de ses membres afin d'obtenir un départ collectif de ses ministres.
Le mal est fait
Le recours à l'article 42 est-il la conséquence d'une lecture erronée de la Constitution par le parti de l'Istiqlal ou de la crainte de son secrétaire général de s'exposer à un refus de démission des ministres de son parti? Autre question : en admettant que l'Istiqlal revienne sur sa décision et reste sous une autre formule au gouvernement, comment pourrait-il effacer le mal fait par les déclarations tonitruantes de son chef et reprendre comme si de rien n'était le travail gouvernemental? Est-ce que ses partenaires dans le gouvernement oublieraient facilement son rôle de donneur de leçons, amnésique des longues années que son parti a passé au gouvernement sans avoir marqué, ne serait-ce que la petite histoire, autrement que par sa gestion calamiteuse de l'enseignement ?
Le maintien de l'Istiqlal au gouvernement ne sera certainement pas un signe de maturité politique. La raison voudrait que ce gouvernement soit dissout et que des élections anticipées aient lieu même si l'actuel code électoral ne favorise pas l'émergence d'une majorité confortable.
Elections anticipées
Depuis cette décision de retrait, plusieurs voix se sont élevées pour dire que le moment était mal choisi pour des élections et donner pour cause la crise économique et des difficultés qu'elle engendre pour le pays. Pourquoi serions-nous les seuls à évoquer la crise pour ne pas assainir la situation politique ? Est-ce que l'Espagne et la Grèce pour ne citer que ces pays proches de nous ont évoqué la crise économique pour rester dans un marasme politique ? Est-ce qu'il ne vaut pas mieux des élections anticipées qu'un gouvernement bancal dont les membres se tirent dans les pattes au moment où les Marocains espèrent des décisions qui les sortiraient du sous développement et de la précarité ?
Est-ce une fatalité pour nous que d'avoir des partis politiques qui n'ont d'autres soucis que de placer les proches de leur chef ? Ne méritons-nous pas des chefs de partis matures qui se préoccupent de l'intérêt de tous les Marocains plutôt que d'exceller dans les chicaneries politiques stériles ? En bref, jusqu'à quand les partis politiques continueront à insulter notre intelligence pour ensuite s'étonner de l'abstentionnisme persistant lors des échéances électorales?


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