En février 1976, la CIA a publié plusieurs documents concernant le contrôle du Maroc sur les derniers bastions du Polisario. Déclassifiés depuis, les rapports ont état du retrait des forces algériennes du nord-est du Sahara occidental, avant l'arrivée de l'armée marocaine. Des documents de la CIA datant de février 1976 reviennent sur les victoires du Maroc face au Front Polisario, expulsé de ses derniers bastions dans le nord-est du Sahara occidental. Publié le 11 février 1976 et déclassifié le 20 décembre 2016, l'un de ces documents indique qu'un ministre marocain proche du roi Hassan II a déclaré, le 6 février, à l'ambassadeur américain que «Rabat n'est pas pressé de s'emparer de Mahbes». La note ajoute que le roi Hassan II a informé les envoyés arabes que le Maroc n'avait pas l'intention de traverser la frontière algérienne. La ministre a déclaré que les Algériens auraient «des semaines pour évacuer la ville» mais qu'ils ne pouvaient pas «y rester indéfiniment». L'Algérie bat en retraite Le document confirme que l'Algérie «a retiré ses forces de Tifariti» depuis une semaine, «par accord préalable – apparemment à la suite des efforts de médiation du vice-président égyptien Moubarak». «Un responsable saoudien à Rabat a donné hier à l'ambassadeur américain une version similaire, affirmant que le roi Hassan II lui avait dit qu'il avait ordonné à ses forces militaires de ne pas traverser la frontière algérienne», ajoute la même source. Sahara-CIA files #25 : La Mauritanie, l'Algérie et la cession avortée d'Oued Eddahab au Polisario Mais le Maroc n'a pas attendu longtemps pour prendre l'initiative. Un document publié le lendemain, le 12 février 1976, déclassifié le 24 août 2016, indique que «les forces marocaines se dirigent vers la ville saharienne espagnole de Mahbes, un bastion des rebelles du Front Polisario soutenus par l'Algérie». Les responsables nationaux ont d'abord déclaré à l'ambassade américaine que la ville était tombée sous contrôle marocain, mardi soir sans résistance. «Mais tard hier, ils n'étaient pas certains que leurs forces étaient effectivement entrées dans la ville», ajoute la source. «Cette suspicion suggère que la colonne marocaine se déplaçait soit lentement de manière délibérée, soit faisait face à la résistance du Front Polisario ou des forces algériennes», note encore le document. «L'hypothèse initiale de Rabat selon laquelle ses forces ne rencontraient aucune résistance peut indiquer qu'elle avait des raisons de croire que les Algériens s'étaient retirés ou étaient en train de le faire. Un retrait de l'Algérie réduirait certainement les chances d'un affrontement direct entre elle les forces marocaines.» Document déclassifié de la CIA Le 13 février 1976, un nouveau document déclassifié le 14 juillet 2016, a insisté que Rabat avait confirmé, 12 février 1976, que les forces marocaines contrôlaient Mahbes, «le dernier bastion restant des combattants du Polisario dans le nord-est du Sahara». Dans ce sens, la note affirme que «les forces marocaines ont également pris le contrôle de Guelta, un avant-poste du Polisario dans le centre-est du Sahara». Le document a poursuivi en affirmant que «l'opération militaire marocaine contre les combattants du Polisario soutenus par l'Algérie est désormais presque terminée». Plus loin, il évoque la position du voisin de l'est sur les défaites du mouvement séparatiste, soulignant que la décision d'Alger «de ne pas affronter les forces marocaines lors des récentes avancées militaires de Rabat pourrait avoir fait partie d'un accord négocié entre les médiateurs égyptiens et saoudiens». A ce titre, la CIA notre que «le vice-président égyptien Moubarak en particulier pourrait avoir exhorté les Algériens, lors de son voyage en navette la semaine dernière, à se retirer pour éviter un affrontement». Sahara-CIA files #2 : En 1985, Mouammar Kadhafi a admis avoir créé le Polisario Par ailleurs, le document explique que «le président algérien Boumédiène et plusieurs autres hauts responsables se sont rendus hier à Tripoli pour s'entretenir avec le président libyen Kadhafi», principal soutien d'Alger au sujet du Sahara. «Kadhafi a publiquement reconnu avoir fourni un soutien militaire aux combattants du Front Polisario», rappelle la même source. Des tentatives infructueuses L'Algérie et le Front Polisario ont durement encaissé la défaite à Mahbes. Mais cette ville proche de la frontière algérienne est restée vulnérable aux attaques des milices séparatistes. Le 15 janvier 1985, le Front, soutenu par l'Algérie, a tenté de contrôler la région en menant une opération militaire de grande envergure, selon le journal espagnol El Pais. Dans son édition du 25 janvier 1985, le média fait état de «gros affrontements entre les forces marocaines et les unités du Front Polisario dans la région de Mahbes». Le ministère marocain de l'Information a publié une déclaration officielle, indiquant qu'«un avion Mirage F-1 a été abattu» par un missile lancé «depuis les terres frontalières», en référence à l'Algérie. Le Polisario échoue dans son attaque et rebrousse chemin, se retranchant dans ses bases des camps de Tindouf. Au fur et à mesure du renforcement des défenses marocaines, avec la construction du Mur de sables et le développement de l'arsenal militaire du royaume, la région de Mahbes a été rendue inaccessible au front séparatiste. Sahara-CIA files #17 : Hassan II allait envoyer des commandos attaquer les camps de Tindouf Après l'intervention des forces marocaines, le 13 novembre 2020, pour expulser les éléments du Polisario du passage de Guerguerat, le front séparatiste a commencé à cibler la zone avec des projectiles imprécis. Le cas a été en novembre 2024, mais sans que les milices n'osent s'aventurer à s'approcher des territoires par voie terrestre.