Contrastant avec les chiffres annoncés par les centrales syndicales qui ont appelé à la grève générale au Maroc, ces 5 et 6 février, le gouvernement affirme que le taux de participation au niveau national a été de 32% dans le public et de 1,4% dans le privé. La veille, les syndicats ont fait état d'une mobilisation globale de plus de 80%. Au deuxième jour de la grève générale à laquelle ont appelé cinq centrales syndicales et un front de neuf organisations professionnelles, les 5 et 6 février 2025 au Maroc, le ministre de l'Insertion économique, de la petite entreprise, de l'emploi et des compétences a fait savoir que le taux de participation à cette mobilisation était de 32% dans le secteur public et de 1,4% dans le privé, soit une moyenne nationale de 16,7%. Lors du point de presse hebdomadaire tenu ce jeudi à Rabat, à l'issue du Conseil du gouvernement, Younes Sekkouri a déclaré que ces chiffres étaient calculés sur la base du «nombre de grévistes par rapport au total des travailleurs dans les différents secteurs». Dans le public, le ministre indique que l'éducation a enregistré un taux de participation de 35,5% à la grève. Ce chiffre a été de 33,3% pour la santé, 30,5% pour la justice, 26,4% pour les collectivités territoriales et 25,9% pour les institutions publiques. Ces chiffres contrastent avec ceux communiqués par les centrales syndicales qui ont appelé à la grève générale, et qui ont fait état d'un taux de participation dépassant les 80% au niveau national. Pour sa part, le ministre a estimé que ce mouvement social s'était déroulé «dans le cadre de la légalité et du respect des dispositions constitutionnelles». Dans ce sens, Younes Sekkouri a souligné l'importance de la relation de son département avec les partenaires sociaux, la considérant comme «pivot et fondamentale pour notre pays et pas uniquement de circonstance». Grève au Maroc : La participation dépasse les 80%, des régions affichent 100% par secteur Le gouvernement salue les syndicats mais fait voter son texte Ces déclarations interviennent au lendemain où la première journée de la grève a coïncidé avec le vote définitif du projet de loi organique sur le droit de grève, approuvé en plénière à la Chambre des représentants en présence de 104 députés sur un total de 395. Les élus présents ont été 84 à voter pour et 20 contre, sans abstention. Défendant ce texte lors du point de presse, Younes Sekkouri a souligné (à partir de 22:30 dans la vidéo) que la mouture examinée tenait compte de «la plupart des amendements présentés par les partenaires sociaux». Parmi les syndicats les plus représentés, l'Union marocaine du travail (UMT) s'est retirée, lundi, du vote du projet de loi à la Chambre des conseillers. Pour sa part, la Confédération démocratique du travail (CDT) a voté contre. Les organisations grévistes reprochent particulièrement au gouvernement de ne pas s'être tenu au calendrier des rencontres prévues en vertu de la charte nationale d'institutionnalisation du dialogue social, signée le 30 avril 2022. Soutenant pour autant que le texte est le fruit d'un consensus entre les parties concernées, Younes Sekkouri affirme que «si cette loi n'est pas juste, elle rencontrera des problèmes d'application, et pour qu'elle soit appliquée, elle doit assurer un équilibre entre les intérêts des grévistes et des syndicats, les intérêts de l'entreprise et la liberté du travail, puis les intérêts de la société, qui doit pouvoir accéder à un niveau minimum de service». Grève au Maroc : «Si le gouvernement fait passer ses lois, le dialogue social n'aura plus de sens» [Interview] Décrié par les syndicats qui le considèrent restrictif, ce texte «vise principalement à protéger les droits des travailleurs et des organisations syndicales, et incrimine les employeurs entravant le droit de grève», a défendu le ministre également au Parlement. Par la même occasion, Younes Sekkouri a indiqué que lors des consultations sur l'élaboration du projet de loi, «aucun des partenaires sociaux n'a laissé sa chaise vide».