La majorité gouvernementale a-t-elle fait un généreux cadeau fiscal aux retraités ? Si l'annonce semble alléchante, elle ne répond pas aux revendications d'indexation des pensions sur l'inflation. Une demi-bonne nouvelle invisibilise parfois une mauvaise. Beaucoup de Marocains ont salué l'annonce de la défiscalisation progressive des pensions de retraite du régime de base. Les principaux concernés retiendront surtout le refus de l'indexation des pensions sur l'inflation, décidé mi-novembre par le gouvernement. Une mesure jugée trop coûteuse pour des régimes de retraite qui se retrouveront dans une situation financière délicate dès 2028, si aucune réforme structurelle n'est entreprise. Et concernant le coût de la vie, un effort est déjà entrepris pour contenir l'impact de l'inflation sur les plus modestes, a justifié Mustapha Baitas. Proposition moins coûteuse, la Chambre des conseillers a validé à l'unanimité un amendement consacré à cette défiscalisation, dans le cadre des discussions sur le projet de loi de finances 2025. Proposé par les partis de la majorité et la CGEM, cet amendement prévoit une exonération progressive des pensions de retraite : une réduction de 50 % dès janvier 2025, suivie d'une défiscalisation totale en 2026. Toutefois, les pensions des régimes complémentaires, comme celles de la CIMR, sont exclues de cette mesure. Rabat : Manifestation nationale des retraités contre le gel des pensions Si cette initiative doit renforcer le pouvoir d'achat des retraités, son impact reste inégal. En effet, les pensions moyennes diffèrent largement selon les régimes : 1 924 dirhams pour les retraités de la CNSS (secteur privé), contre 4 861 dirhams pour le RCAR (entreprises publiques et collectivités territoriales) et 6 875 dirhams pour la CMR (secteur public). Cet écart entre privé et public résulte notamment du plafonnement de l'assiette de cotisation de la CNSS, fixé à 6 000 dirhams depuis 2002. Une mesure sans impact sur près de 90 % des retraités Déjà en 2019, l'ancien chef du gouvernement, Saâdeddine El Othmani, soulignait devant la Chambre des conseillers que 90 % des retraités marocains étaient exonérés de l'impôt sur le revenu, en raison d'une pension inférieure à 5 500 dirhams par mois. À l'époque, cette exonération fiscale était réclamée par plusieurs députés s'appuyant sur une pétition signée par environ 25 000 personnes. Si elle améliorera le pouvoir d'achat des retraités de la classe moyenne, cette défiscalisation progressive des pensions du régime de base pour environ 10 % des retraités ne répond pas aux demandes du Réseau Marocain des Organismes de Retraités (REMOR) qui a manifesté le 30 novembre 2024 pour une indexation des pensions sur l'inflation. Une manifestation des retraités avait déjà eu lieu à Rabat le 1er octobre 2024, journée mondiale des personnes âgées, pour dénoncer le gel des pensions et la hausse du coût de la vie.