En proie à de lourdes difficultés financières, l'Office national de l'électricité et de l'eau [ONEE] est insolvable depuis des mois vis-à-vis de plusieurs entreprises sous-traitant des services d'électricité. Elles pointent du doigt l'Office. L'Office national d'électricité et d'eau [ONEE] est encore dans l'impasse. La crise qu'il traverse l'empêche d'honorer ses engagements et les entreprises sous-traitantes opérant dans le secteur de l'électricité n'en peuvent plus. «Elles n'ont pas été payées depuis plusieurs mois, voire depuis 2011 pour certaines», rapporte L'Economiste dans son édition de ce matin, lundi 25 février. L'insolvabilité de l'ONEE plonge ces entreprises dans d'énormes difficultés. «C'est la catastrophe : la CNSS nous tient par la gorge ainsi que le fisc, les mises en demeure des avocats des salariés et des fournisseurs tombent les unes après les autres. Quant aux banques, elles ont fermé le robinet», confie un chef d'entreprise qui réclame 100 millions de dirhams à l'Office. Détournements ? Des opérateurs mettent en cause la bonne utilisation de l'argent octroyé à l'ONEE pour ses projets. Tous requierent l'anonymat «par crainte de représailles», précise le journaliste de L'Economiste. «Des fonds sont accordés à l'ONEE par des organismes internationaux pour financer des projets sur lesquels nous travaillons mais pour autant, nous ne sommes pas payés», déplore un chef d'entreprise. Et d'ajouter : «il est temps que l'on examine les comptes de cet Office pour vérifier si une partie des fonds n'est pas affectée à son fonctionnement». Un chef d'entreprise se dit encore plus outré par le fait que malgré tout, «l'Office n'hésite pas à appliquer des pénalités de retard et à les défalquer directement des montants dus aux entreprises». L'ONEE relativise De son côté, l'ONEE estime que «comme toute entreprise, notamment celles en charge du service public, il [lui] arrive de connaitre des problèmes ponctuels et circonscrits dans le temps». Selon les professionnels, les sommes dues par l'institution seraient évaluées à plus de cinq milliards de dirhams, mais l'Office conteste : «nous avons reçu une lettre de 22 entreprises réclamant des retards de paiement de la part de l'ONEE-branche électricité sans indiquer les montants réclamés.» Ces dernières années ont été difficiles pour l'ONEE. Avec un déficit alarmant de 3,7 milliards à fin 2011, les choses ont empirées en 2012. L'office s'est vu dans l'obligation d'envisager la hausse des tarifs d'électricité. Depuis novembre dernier, il a engagé un chantier, en cours, de réforme tarifaire de l'électricité. L'Etat est intervenu en lançant un plan de sauvetage en faveur de l'Office de l'ordre de un milliard de dirhams. 500 millions ont déjà été injectés, mais cela semble insuffisant. Début février, l'Office a contracté deux prêts d'un montant total de 2,4 milliards de dirhams pour la réalisation du complexe hydroélectrique M'dez El-Menzel d'une puissance de 170 MW et le projet d'alimentation en eaux potable de huit provinces du pays. Sit-in Dans son contexte de crise, l'Office national d'électricité et d'eau est actuellement dos au mur. D'une part, la hausse des prix de l'électricité pourrait créer un sérieux malaise social. D'autre part, ses sous-traitants ne comptent pas en rester là. Ils ont saisi le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, mais ce dernier pas encore réagi. Déçues par l'attitude de la Fédération nationale d'électricité et de l'électronique (Fenelec) dont elles attendaient un soutien plus actif, ces entreprises envisagent l'organisation d'un sit-in devant le siège de l'ONEE si rien n'est fait.